La Chair des mots

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SOMMER

Poésie

L’été
Surtout, vaincu, stupide, il était entêté
À se renfermer dans la fraîcheur des latrines.

Arthur Rimbaud, Poésies, Les Poètes de sept ans

Étymologie

Sommer < lat. summare = porter à son apogée < summa (linea) = la ligne du haut, la somme (les anciens avaient l’habitude de compter de bas en haut) < rac. i.-e. *sw-b- / *sw-p- qui traduit un mouvement vertical, avec une spécialisation induite par les suffixes : sub signifie sous en latin, et super sur. Summa (fém. de summus), est le superlatif de superus = qui est au-dessus, et est formé de sup- (radical) + -mus (suffixe de superlatifs). La forme *sw-p- de la rac. a évolué vers des radicaux de subst., de verbes, d’adj. et vers des mots outils, comme les prép., les préfixes.
De son côté, soulier < bas lat. subtelare = le creux du pied < lat. subtel = ce qui est sous le talon, la voûte plantaire < sub- = en-dessous + talus (double de talo) = l’astragale, puis la cheville tout entière, puis le talon.

Domaines

Les quatre éléments : sommet, sommital, source, sourcier, sourdre, sous-continent, sous-orbital, sous-sol, souterrain, subalpin, subaquatique, subduction, subjacent, sublunaire, subsidence, substratum (lat.), supernova, surrection
La faune et la flore : sous-bois, surgeon
Les groupes humains : sous-peuplé, sous-peuplement, surpeuplé, surpeuplement, surpopulation
Le corps : consommation, consommer, dessous-de-bras, dessus-de-lit, pardessus, sortie-de-bain, sortie-de-bal, soulier, soupir, souple, souplement, souplesse, sourcil, sourcilier, sourciller, sous-alimentation, sous-alimenté, sous-alimenter, sous-cutané, sous-maxillaire, sous-nutrition, sous-orbitaire, sous-pied, sous-pull, sous-scapulaire, sous-sol, sous-vêtement, soutane, soutanelle, soutien-gorge, subaigu, subliminaire, subliminal, sublingual, subsistance, subsister, substantiel, substantiellement, suffocant, suffocation, suffoquer, superfétation, superfétatoire, supinateur, supination, suprasensible, suraigu, suralimentation, suralimenté, suralimenter, surconsommation, surrénal, survêtement, suspenseur, sustentation, sustenter
L’habitat : dessus-de-porte, soubassement, soupente, soupirail, sous-œuvre, soutènement, substruction
Le travail manuel : consommé, dessous-de-bouteille, dessous-de-plat, dessus-de-plat, insubmersibilité, insubmersible, insurpassable, sombrer, sommaire, sommairement, soubresaut, soucoupe, soulever, soulignage, soulignement, souligner, soupape, soupeser, sous-couche, sous-équipé (hyb.), sous-équipement (hyb.), sous-exploitation, sous-exploiter, sous-exposer, sous-exposition, sous-main, sous-pression, sous-production, sous-produit, sous-solage, sous-soleuse, sous-station, sous-tasse, sous-utiliser, sous-ventrière, sous-verre, soutasse, soute, soutenir, soutier, soutirage, soutirer, subjectile, submerger, submersible, submersion, subsistance, subsister, subsonique, substituable, substituer, substitut, substitutif, substitution, substrat, succédané, succès, supercarburant, supérette, superfin, superfinition, superflu, superfluité, superforteresse, superman (hyb.), supermarché (hyb.), superposable, superposer, superposition, superproduction, superpuissance, supersonique, superstar, superstructure, support, suppression, supprimer, suraccumulation, suractivé, suractivité, surajouter, surbaissé, surbaissement, surbaisser, surcapacité, surcharge, surcharger, surchauffe, surchauffer, surcompression, surcomprimé, surcomprimer, surconsommation, surcroît, surélévation, surélever, suréquipement (hyb.), suréquiper (hyb.), surexploitation, surexploiter, surfaçage, surface, surfacer, surfaceuse, surfil, surfilage, surfiler, surfin, surgélateur, surgélation, surgelé, surgeler, surgénérateur, surgénération, surhaussé, surhaussement, surhausser, surjet, surjeter, surmenage, surmener, surmontable, surmonter, surmultiplication, surmultiplié, surmultipliée, surnager, surpêche, surpiquer, surpiqûre, surpression, surrégénérateur, surrégénération, sursaturation, sursaturé, sursaturer, sursaut, sursauter, survitrage, survol, survoler, susciter, suspendre, suspendu, suspension, suspente, sustentateur, sustentation
Les arts : demi-soupir, mezzo-soprano (it.), sopraniste (< it.), soprano (it.), soupir, surexposer, surexposition, surréalisme, surréaliste, surréel
Les sentiments : insoutenable, insupportable, insupporter, insurmontable, ressourcement, ressourcer (se), sortable, soulagement, soulager, soupçon, soupçonnable, soupçonner, soupçonneusement, soupçonneux, soupirant, soupirer, souple, souplement, souplesse, sourcilleux, sourire, sous-estimation, sous-estimer, sous-homme, sous-humanité, sous-locataire, sous-location, sous-louer, soutenable, souteneur, soutien, subir, subjectif, subjectivement, subjectiver, subjectivisme, subjectiviste, subjectivité, subjuguer, sublimer, sublimité, subreptice, subrepticement, subreption, subterfuge, subtil, subtilement, subtilisation, subtiliser, subtilité, subversif, subversion, subvertir, suffisance, suffisant, suggérer, suggestibilité, suggestible, suggestif, suggestion, suggestionner, suggestivité, superbe, superbement, superficie, superficiel, superficiellement, suppliant, supplication, supplice, supplicié, supplicier, supplier, supplique, supportable, supporter, supporteur, suppôt, surestimation, surestimer, surexcitable, surexcitant, surexcitation, surexciter, surfaire, surfait, surhomme, surhumain, surprenant, surprendre, surprise, surprotection, surprotéger, sursaut, surveillance, surveillant, surveiller, survolter (< it.), sus, susceptibilité, susceptible, suspect, suspecter, suspense (ang.), suspicieux, suspicion, télésurveillance (hyb.)
La communication : sommaire, sous-entendre, sous-entendu, sous-jacent, soussigné, sous-titrage, sous-titre, sous-titrer, soutenant, soutenir, soutenu, subjonctif, subordination, subordonnant, subordonnée, subséquemment, substantif, substantifier, substantivation, substantivement, substantiver, succinct, succinctement, suffixal, suffixation, suffixe, suffixer, sujet, superlatif, supin, surcomposé, surimpression, surinformer, surligner, surligneur, surmontoir, surnom, surnommé, surnommer, surtitre, sus-dénommé, susdit, susmentionné, susnommé, suspension
La spatialité : dessous, dessus, ressortir, ressurgir, résurgence, résurgent, resurgir, sortie, sortir, sous, sous-secteur, subéquatorial, subjacent, subtropical, suburbain, superficialité, superficie, superficiel, superficiellement, supérieur, supplantateur, supplanter, supra (lat.), sur, surgir, surgissement, surplace, surplomb, surplombant, surplombement, surplomber
La temporalité : souvent, souventement, subit, subitement, subito (lat.), subséquent, succéder, successeur, successibilité, successible, successif, succession, successivement, succomber, suranné, surlendemain, surmortalité, surnatalité, surseoir, sursis, survenance, survenir, survenue, survie, survivance, survivant, survivre, suspendre, suspendu, suspens, suspension
La spiritualité : ressusciter, résurrection, succube, suffragant, superstitieusement, superstitieux, superstition, supraterrestre, surnaturel, surplis, suspens, suspense (ang.)
Le travail intellectuel : consommation, consommer, insuffisamment, insuffisance, insuffisant, ressouvenir, sens dessus dessous, sommable, sommation, somme (la), sommet, sous-classe, sous-ensemble, sous-espèce, sous-famille, sous-genre, sous-groupe, sous-multiple, sous-ordre, sous-secrétaire, sous-secrétariat, sous-tangente, sous-tendre, soustracteur, soustractif, soustraction, soustraire, soutenance, souvenance, souvenir, subconscience, subconscient, subdiviser, subdivision, subdivisionnaire, subjectivisme, subjectiviste, subodorer, suborbital, substantialisme, substantialiste, substantialité, substantiel, substantiellement, substantifique, subsumer, suffire, suffisamment, suffisance, suffisant, summum (lat.), super, supérieur, supérieurement, supériorité, superviser, superviseur, supervision, supposable, supposé, supposer, supposition, supputation, supputer, suprême, suprêmement, surabondamment, surabondance, surabondant, surabonder, surdéterminant, surdétermination, surdéterminer, surdoué, sureffectif, surévaluation, surévaluer, surface, surfacique, surjectif, surjection, surnombre, surplus, surtout
La physique : sombre, sous-tension, subaigu, sublimation, sublimé, sublimer, superfluide, superfluidité, superphosphate, suppurant, suppuration, suppurer, supraconducteur, supraconduction, supraconductivité, surintensité, surtension, survoltage (< it.), survolter (< it.), survolteur (< it.)
La politique : insoumis, insoumission, insubordination, insubordonné, insurgé, insurger (s’) (< ang.), insurrection, insurrectionnel, sécession, sommité, sortant, soubrette (< prov.), soulèvement, soumettre, soumis, soumission, sous-amendement, sous-brigadier, sous-chef, sous-comité, sous-commission, sous-directeur, sous-fifre, sous-gouverneur, sous-préfectoral, sous-préfecture, sous-préfet, sous-préfète, sous-prolétaire, sous-prolétariat, souverain, souverainement, souveraineté, souverainiste, subalterne, subdélégation, subdéléguer, subordination, subordonné, subordonner, suffrage, suffragette, sujet, sujétion, suppléance, suppléant, suppléer, supplément, supplémentaire, supplémenter, supplétif, supranational, supranationalité, suprématie (< ang.), suprématisme, suzerain, suzeraineté
L’économie : dessous-de-table, somme (la), soumissionnaire, soumissionner, sous-acquéreur, souscripteur, souscription, souscrire, sous-développé, sous-développement, sous-effectif, sous-emploi, sous-employer, sous-évaluation, sous-évaluer, sous-intendance, sous-intendant, sous-marque (hyb.), sous-payer, sous-traitance, sous-traitant, sous-traiter, subside, subsidier, subvenir, subvention, subventionner, succursale, succursalisme, succursaliste, superbénéfice, superprofit, surcapitalisation, surcompensation, surcoût, surdéveloppé, suremploi, surenchère, surenchérir, surenchérissement, surenchérisseur, surendettement, surestimation, surestimer, surévaluation, surévaluer, surfaire, surfait, surimposer, surimposition, surintendance, surintendant, surintendante, surinvestissement, surlouer, surloyer, surnuméraire, suroffre, surpaiement, surpassement, surpasser, surpayer, surprime, surproducteur, surproduction, surproduire, surtaxe, surtaxer, suscription
La justice : sommation, souscrire, sous-section, sous-seing, subdélégation, subornation, suborner, suborneur, subrogateur, subrogatif, subrogation, subrogatoire, subrogé, subroger, subside, subsidiaire, subsidiarité, subsistant, substitut, succéder, successibilité, successible, successif, succession, successoral, supercherie (< it.), supplétoire, sursis, sursitaire, suspect, suspecter, suspensif, susvisé
La médecine : insufflateur, insufflation, insuffler, sous-médicalisé, souvenir-écran, sublimation, sublimer, succussion, suffusion, suppositoire, surcompensation, surdéterminant, surdétermination, surdéterminer, surdosage, surdose, surinfecté, surinfection, surinvestissement, surmédicalisation, surmédicaliser, surmoi, suspensoir
L’armée : sommation, sous-lieutenant, sous-marin, sous-marinier, sous-off, sous-officier, supplétif, surarmement, surplus, sursis, sursitaire
Les loisirs : superforme, surclasser, surcoupe, surcouper, surentraînement, surentraîner, surpassement, surpasser, surprise-partie

Commentaire

La famille est d’une approche complexe pour au moins deux raisons. D’abord, quantitativement, si l’on retient les termes où elle n’apparaît que comme préfixe. Ensuite, et surtout, parce qu’elle évoque souvent non pas une position, haute ou basse, ce qui ne pose pas de problème, mais un mouvement vers le haut ou vers le bas. Il est alors légitime de se demander si l’essentiel est dans la position de départ ou dans la position d’arrivée.
On peut donc envisager l’étude de cette famille en deux temps. D’abord la branche qui traduit une position élevée ou un mouvement vers le haut. De très nombreux termes illustrent de façon limpide cette notion. À travers le sens même du rad., on peut relever le sommet, la sommité, le summum, le soprano, (le) souverain, la souveraineté, souverainement, souverainiste, super, (la) superbe, le suzerain, la suzeraineté, supérieur, la supériorité, suprême, la suprématie, le suprématisme, la supérette, la supercherie.
On peut, avec une relative prudence, ajouter le mot soubrette, qui viendrait du vb lat. « superare » au sens de « s’élever au-dessus de », puis « dédaigner ». Le terme désignerait étymologiquement une fille dédaigneuse, effrontée, ou plutôt (ou ensuite ? ), par antinomie sans doute, la dédaignée, celle qui est laissée de côté.
À ces termes, il faudrait rajouter un nombre considérable de termes où le radical s’est appauvri en préfixe. C’est le cas du préfixe « super- », avec, pour ne citer que quelques ex., le superbénéfice, la superficialité, la superficie, superficiel, (le) superflu, la superforteresse, la superfétation, superfétatoire, (le) superlatif, le supermarché, la supernova, superposer, la superposition, la superproduction, la superpuissance, supersonique, superstitieux, la superstition, la superstructure, superviser, le superviseur, la supervision. Le soubresaut (super est devenu « sobre » en esp.) est étymologiquement un saut vers le haut, un « saut subit, inopiné et à contre-temps », dit Littré. Le sourcil est situé au-dessus (« sour- » pour super) des cils. De là sourciller, sourcilier et sourcilleux.
Une forme évoluée de super- se rencontre dans quelques termes, comme le supin. À partir d’un sens en lat. de « couché sur le dos », « tourné en arrière », « regardant vers le haut », on est arrivé, assez bizarrement, à désigner une forme verbale servant de rad. à la création de nombreux subst. et adj. en fr. La supination renoue avec le sens premier : c’est (Larousse) le « mouvement de l’avant-bras plaçant la paume de la main en avant et le pouce à l’extérieur », par opposition à la pronation. L’adj. correspondant est le mot supinateur. Le préfixe super- a pu évoluer phonétiquement en sus- dans des termes comme la suscription (à partir du lat. « superscriptio ») qui désigne une adresse écrite sur une enveloppe.
Avec le préfixe supra-, on peut citer (le) supraconducteur, la supraconduction, la supraconductivité, supranational, la supranationalité, suprasensible.
La prép. sur elle-même a pour origine le lat. super, avec une influence phonétique de sus (cf. ci-dessous) et une évolution sémantique très riche.
Avec le préfixe sur-, on relève par ex. la surabondance, surabondant, la suraccumulation, la suractivité, suraigu, surajouter, la suralimentation, suralimenter, suranné, le surarmement, surbaisser, la surcapacité, la surcharge, surcharger, la surchauffe, surchauffer, surclasser, la surcompensation, surcomposé, la surcompression, la surconsommation, le surcoût, le surcroît, le surdosage, la surdose, surdoué, surdéterminant, la surdétermination, surdéterminer, surdéveloppé, le sureffectif, le suremploi, la surenchère, surenchérir, le surenchérissement, le surendettement, la surestimation, surestimer, la surexcitation, surexciter, la surexploitation, surexploiter, surexposer, la surexposition, la surface (c'est-à-dire le côté supérieur visible de quelque chose, puis l’étendue plate, l’étendue en général, la superficie, pour ne retenir que les nuances les plus importantes), surfacer.
On peut ajouter la télésurveillance, la surfaceuse, surfaire, surfait, le surfil, surfiler, surfin, surgeler, la surgélation, le surgénérateur, surhausser, le surhomme, surhumain, surimposer, la surimpression, la surinfection, la surintendance, surjectif, la surjection, le surjet, surjeter, le surlendemain, le surligneur, le surloyer, le surmenage, surmener, le surmoi, surmonter, la surmortalité, la surmultiplication, la surmédicalisation, surnager, la surnatalité, (le) surnaturel, le surnom, surnommer, (le) surnuméraire, la suroffre, le surpassement, surpasser, le surpeuplement, surpiquer, le surplace, le surplis, le surplomb, surplomber, le surplus, la surpopulation.
On peut compléter avec surprendre, la surpression, la surprime, la surprise, la surproduction, la surprotection, la surpêche, la surrection, le surréalisme, le surréaliste, le surrégénérateur, surrénal, sursaturer, le sursaut, sursauter, surseoir, le sursis, le sursitaire, la surtaxe, surtaxer, la surtension, le surtitre, surtout, la surveillance, surveiller, la survenance, survenir, la survie, le survitrage, la survivance, (le) survivant, survivre, le survol, survoler, le survoltage, le survêtement, surélever, la surélévation, la surévaluation, surévaluer, insurmontable, insurpassable.
La rac. a naturellement évolué vers la notion d’addition, de total, avec le mot somme bien sûr, mais aussi la sommation (synonyme d’addition, ou parole concise et souvent comminatoire), la consommation (dans certains emplois, comme dans l’expression la consommation des siècles, ou celle du mariage), consommer (dans l’expression consommer un mariage, c’est-à-dire le rendre complet). À noter cependant que le terme consommation, appliqué aux siècles, peut aussi s’expliquer par l’idée de destruction d’un processus qui arrive à son terme, et renvoyer alors à l’entrée exemple. Le consommé, en cuisine, semble renvoyer lui aussi plutôt à l’idée de somme, d’achèvement, de perfection. Il reste que les deux verbes lat. « consummare » (qui a donné consommer) et « consumere » (qui a donné « consumer » mais aussi consommer, avec une évolution phonétique influencée par « consummare ») étaient aussi très proches sémantiquement, ce qui explique les divergences d’analyse entre les différents étymologistes. On peut encore associer le terme sommaire, qui renvoie à l’idée d’abrégé, de résumé, comme la somme (le total) est le résumé des différentes valeurs ou mesures qu’on a ajoutées les unes aux autres. De là sommairement.
À cela il faut ajouter quelques termes incluant le préfixe sus-. Et déjà le terme archaïque sus, employé comme interjection, adv. ou prép. (courir sus à l’ennemi, en sus de, sus ! ), ayant pour origine le lat. « sursum » devenu « susum » en lat. pop., signifiant « du bas vers le haut », d’où ven haut ». De ce sens premier, on passe à « en plus », « par-dessus », puis à un mouvement hostile (vers quelqu'un), avec une évolution identique à celle de la prép. « in ». On peut imaginer dans un premier temps un mouvement d’assaillants attaquant un lieu élevé, protégé, puis n’importe quel mouvement hostile, sans qu’il y ait une course vers un lieu plus élevé.
Quelques termes illustrent la nuance première de « vers le haut », « en haut », « en amont », « au début d’un texte ou d’un discours », comme le susnommé, le sus-dénommé, le susdit.
Susciter, par ailleurs, c’est « mettre en mouvement ("-citer") vers le haut ("sus-") » : d’un premier sens de ressusciter en a. fr., susciter a évolué vers le sens de « faire naître », « éveiller », « exciter ». Le haut, ici, c’est le visible, la vie, par opposition à l’invisible, à la mort. De là ressusciter. La suscription est quant à elle l’écriture d’une adresse sur le pli extérieur d’une lettre. Des termes comme suspendre, (le) suspens, le suspense, suspenseur, suspensif, la suspension posent problème. On peut analyser suspendre comme « pendre vers le bas », avec le préfixe sus- marquant l’évolution de « subs- » (cf. ci-dessous) signifiant « en bas », mais il semble préférable d’analyser suspendre comme « pendre à partir d’un point haut ».
Soupirer consiste étymologiquement à souffler (« -pirer » à partir du vb lat. « spirare ») vers le haut (« sou- » à partir du lat. pop. « susum »). De là le soupirant, le soupir et le soupirail.
On ajoutera encore quelques termes incluant le préfixe « sub- » ou « subs- » évoluant en « sus- » (cf. ci-dessous), désignant un mouvement du bas vers le haut, mais privilégiant le résultat du mouvement, c’est-à-dire la position haute atteinte. Suspecter, à partir du lat. « suspicere », c’est « regarder de bas en haut, attentivement, avec méfiance ». De là (le) suspect, suspicieux, la suspicion, le soupçon, soupçonner, soupçonnable, soupçonneusement, soupçonneux.
La surrection est le soulèvement d’une partie de l’écorce terrestre, en géologie. Surgir, c’est se dresser. Le surgeon est un rejet qui sort au pied de l’arbre. De là le surgissement, la source (ancien part. passé fém. substantivé de sourdre : la source est de l’eau qui surgit du sol, du rocher), le ressourcement, se ressourcer, sourdre (même étymologie que surgir), resurgir ou ressurgir, la résurgence, résurgent, la résurrection, l’insurrection, insurrectionnel, resurgir, ressurgir, le sourcier, insurgé, s’insurger, se ressourcer.
Il semble préférable de rattacher la sous-famille de sortir à cette famille plutôt qu’à celle de sort, même s’il n’y a pas unanimité des étymologistes. Sortir, en parlant d’une source, c’est « jaillir », donc sourdre. Ressortir consiste à sortir de nouveau, ou à rejaillir, rebondir, en lien avec la fonction du ressort. Ressortir, c’est aussi se détacher sur un fond, comme si le sujet qui ressort sortait du fond. Ressortir signifie aussi « résulter », « découler », comme l’eau de la source. Ressortir, c’est enfin « être du ressort d’une juridiction, de sa compétence », « se rapporter à quelque chose », « concerner quelque chose ». L’explication la plus plausible fait dépendre ce sens de ressortir du subst. ressort au sens d’« extension », « recours », « retraite », « refuge », en relation avec la famille de sort. Certains étymologiques rattachent cependant cette acception de ressortir à la même famille droit que les autres acceptions : de même que le ressort se détend sur une certaine longueur, de même la compétence de la juridiction s’étend sur un certain territoire. De là sortable, (le) sortant, la sortie, la sortie-de-bain, la sortie-de-bal.
Le vb sombrer, quant à lui, est étymologiquement très discuté. L’hypothèse la plus satisfaisante est d’y voir une évolution d’un ancien vb « soussombrer » construit sur le catalan « sotsobre », où « sots- » signifie dessous et représente le lat. « subtus », et où « -sobre » signifie au-dessus et représente le lat. super. Dans des emplois anciens transitifs, sombrer a dû signifier « faire passer le dessus dessous », « retourner », en particulier en parlant d’une embarcation. Dans l’emploi moderne intransitif, une embarcation qui sombre non seulement se retourne, mais coule. Cette évolution est logique. Elle a pu aussi être favorisée par un rapprochement pop. avec l’adj. sombre, les grands fonds étant le royaume de l’obscurité.

Dans un second temps, on peut envisager la branche de la famille qui exprime l’idée de « bas », de « partie inférieure », de « mouvement vers le bas », à partir de « sub » et de sa variante « subs » devenue sus, ou de « subter », forme renforcée de « sub ». Ces formes apparaissent dans quelques termes où elles servent de radical. C’est par ex. le cas dans la prép. sous formée sur l’adv. lat. « subtus » signifiant en dessous, par-dessous. C’est aussi le cas de dessous, et des composés recourant à dessous, comme le dessous-de-bouteille, le dessous-de-bras, le dessous-de-plat, le dessous-de-table. On relève aussi la soute, subst. construit sur « subtus » considéré comme un adj. en lat. vulg. De là le soutier.
On peut ajouter la soutane, vêtement de dessous, à partir de l’it. « sotto » tiré lui aussi de « subtus ». De là la soutanelle. L'adv. souvent est tiré du lat. « subinde », signifiant littéralement « en dessous à partir de là », et, dans une succession, « immédiatement après », successivement, d’où souvent. De là souventement.
Dans un très grand nombre de mots, la rac. se contente de jouer le rôle d’un préfixe. Ce préfixe peut apparaître sous la forme « sub », avec des mots comme subalpin, subalterne, subdiviser, substituer, la substitution, subtropical, l’insubmersibilité, insubmersible, l’insubordination, insubordonné, insupportable (avec « sup- » issu de « sub- »), insupporter. On peut ajouter le mot soulier qui signifie littéralement « ce qui est sous le pied », ce qui montre que la fonction essentielle du soulier est assurée par la semelle. L’adj. sombre inclut quant à lui le préfixe « sub- » réduit à « s- » : est sombre ce qui couvert d’ombre. Sous la forme « sus- » du préfixe, on relève sustenter (du lat. « sustentare », « tenir par dessous », soutenir, « conserver en bon état », « alimenter », « nourrir »), la sustentation, la susceptibilité, susceptible (du bas lat. « susceptibilis », signifiant « capable de recevoir », dérivé de « susceptum », supin de « suscipere » signifiant « prendre par-dessous », « se charger de », subir). Sous la forme renforcée « subter », on a le subterfuge.
La forme « sou- » est plus fréquente. On relève par ex. la soucoupe, soulever, le soulèvement, soulager (avec la même étymologie que soulever, à savoir le vb lat. « subleviare »), la soupente, soumettre, soumis, la soumission, le soumissionnaire, soumissionner, sourire, souple (du lat. « supplex »), suppliant, (de « sub », sous, et « plicare », « plier »), souplement, la souplesse, insoutenable, le soulignage, le soulignement, souligner, la soupape, soutenir, la soutenance, soutenable, soutenant, le soutènement, le souteneur, soutenu, le soutien, le soutien-gorge, soupeser (c'està-dire « peser en mettant la main dessous »), la soutasse (pour sous-tasse), (le) souterrain, le soutirage, soutirer, insoumis, l’insoumission, le soubassement, le soulagement, soulager.
On relève encore le souvenir et se souvenir : le souvenir est ce qui vient, se présente à l’esprit spontanément, subrepticement (avec un sens évolué ici de « sub- » devenu « sou- »). Le vb a d’abord signifié « venir en aide » (littéralement « venir sous, au pied de quelqu’un qui est en difficulté »), donc subvenir (même étymologie que souvenir). Étymologiquement, donc, le souvenir est un soutien, une aide dans la vie quotidienne. Le vb s’est d’ailleurs longtemps employé à la forme impersonnelle seulement (il me souvient), ce qui est logique compte tenu de son étymologie. C’est sans doute l’emploi pronominal de rappeler (« je me rappelle ») qui a entraîné « je me souviens ». De là se ressouvenir.
Une autre forme largement usitée du préfixe est la forme sous-, avec le souscripteur, la souscription, souscrire, soustracteur, soustractif, la soustraction, soustraire, mais avec aussi des dizaines de composés commençant par sous-. On peut se contenter d’en citer quelques uns, comme le sous-acquéreur, la sous-alimentation, le sous-amendement, le sous-bois, le sous-brigadier, le sous-chef, la sous-classe, le sous-comité, la sous-commission, la sous-couche, sous-cutané, le sous-développement, le sous-directeur, le sous-effectif, le sous-emploi, le sous-ensemble, sous-entendre, le sous-entendu, le sous-équipement, la sous-espèce, la sous-estimation, la sous-évaluation, sous-exposer, la sous-exposition, la sous-famille, le sous-fifre, le sous-genre, le sous-groupe, le sous-homme.
On peut continuer avec sous-jacent, le sous-lieutenant, le sous-locataire, le sous-main, le sous-marin, la sous-marque, le sous-maxillaire, le sous-multiple, le sous-officier, sous-orbitaire, sous-orbital, le sous-ordre, sous-payer, sous-peuplé, le sous-pied, la sous-préfecture, le sous-préfet, la sous-préfète, la sous-production, le sous-pull, sous-scapulaire, le ou la sous-secrétaire, la sous-section, le sous-seing, soussigné, le sous-sol, la sous-station, la sous-tasse, le sous-titrage, le sous-titre, le sous-traitant, sous-traiter, le sous-verre, la sous-ventrière, le sous-vêtement

Complément

Le mot somme, dans l’expression « bête de somme », renvoie au radical qu’on trouve dans sommelier.
Vient du germ. via l’ang. : le pull-over.
Avec l’idée d’alimentation ou de destruction, consommer, la consommation appartiennent à la famille de exemple.

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Abréviations et conventions concernant la langue :

abr. abréviation
adj. adjectif
adv. adverbe
a. fr. ancien français
c.-à-d. c’est-à-dire
cf. confer
ex. exemple
fam. familier
fém. féminin
hyb. hybride
id. idem, pareillement
loc. locution
masc. masculin
neut. neutre
part. participe
p.-ê. peut-être
plur. pluriel
pop. populaire
préf. préfixe
prép. préposition
pron. pronom
rac. racine
rad. radical
sing. singulier
subst. substantif
suff. suffixe
vb verbe


Abréviations et conventions concernant le latin :

bas lat. bas latin (à partir du IIIe siècle de notre ère)
lat. latin classique
lat. ecclés. latin ecclésiastique (langue des auteurs chrétiens à partir de la fin de l’Empire)
lat. imp. latin impérial (à partir de la fin du 1er siècle de notre ère)
lat. méd. latin médiéval (à partir du VIIe siècle de notre ère, langue écrite)
lat. pop. latin populaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1)
lat. vulg. latin vulgaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1)
grom gallo-roman = latin parlé au Moyen Âge
lat. bot. latin des botanistes


Abréviations et conventions concernant les autres langues :

alld. mot directement emprunté à l’allemand, mais d’origine latine
als. mot directement emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine
angl. mot directement emprunté à l’anglais, mais d’origine latine
ara. mot directement emprunté à l’arabe, mais d’origine latine
bre. mot directement emprunté au breton, mais d’origine latine
celt. mot directement emprunté au celtique, mais d’origine latine
esp. mot directement emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine
fran. mot directement emprunté au francique, mais d’origine latine
germ. mot directement emprunté au germanique, mais d’origine latine
it. mot directement emprunté à l’italien, mais d’origine latine
occ. mot directement emprunté à l’occitan, mais d’origine latine
piém. mot directement emprunté au piémontais, mais d’origine latine
port. mot directement emprunté au portugais, mais d’origine latine
prov. mot directement emprunté au provençal, mais d’origine latine

< alld. mot emprunté à l’allemand, mais d’origine latine
< als. mot emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine
< angl. mot emprunté à l’anglais, mais d’origine latine
< ara. mot emprunté à l’arabe, mais d’origine latine
< bre. mot emprunté au breton, mais d’origine latine
< celt. mot emprunté au celtique, mais d’origine latine
< esp. mot emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine
< fran. mot emprunté au francique, mais d’origine latine
< germ. mot emprunté au germanique, mais d’origine latine
< it. mot emprunté à l’italien, mais d’origine latine
< occ. mot emprunté à l’occitan, mais d’origine latine
< piém. mot emprunté au piémontais, mais d’origine latine
< port. mot emprunté au portugais, mais d’origine latine
< prov. mot emprunté au provençal, mais d’origine latine
i.-e. indo-européen
arg. argot
arc. archaïque