La Chair des mots

Retour à la liste des familles

JUSTICE

Poésie

Ce vieillard possédait des champs de blés et d’orge ;
Il était, quoique riche, à la justice enclin

Victor Hugo, La Légende des siècles, Booz endormi

Étymologie

Justice < lat. justitia = la justice < justus = juste, qui observe le droit, équitable < jus = la formule religieuse qui a force de loi, le droit < rac. i.-e. *yew-s- (ju- en lat.). Le sanscrit a yoh pour désigner le droit.
De son côté, objurgation < lat. objurgatio = les reproches, la réprimande, le blâme < objurgare = réprimander, blâmer, gourmander < jurgare = se quereller, se disputer < jus + agere

Domaines

Le corps : justaucorps
Le travail manuel : ajustage, ajustement, ajuster, ajusteur, rajustement, rajuster, réajustement, réajuster
Les sentiments : adjuration, adjurer, injure, injurier, injurieusement, injurieux, injustifiable, injustifié, judicieusement, judicieux, objurgation, préjudice, préjudiciable, préjugé, préjuger
La spiritualité : abjuration, abjurer, jurement, jurer, jureur, juron
Le travail intellectuel : jugé, jugeote, juste, justesse
La politique : conjurateur, conjuration, conjuré, conjurer, jureur
L’économie : adjudicataire, adjudicateur, adjudicatif, adjudication, adjuger
La justice : déjuger (se), de jure (lat.), injuste, injustement, injustice, injustifiable, injustifié, judiciaire, judiciairement, juge, jugé, jugeable, jugement, juratoire, juré, jurer, juridiction, juridictionnel, juridique, juridiquement, juridisme, jurisconsulte, jurisprudence, jurisprudentiel, juriste, jury (ang.), juste, justement, justiciable, justicier, justifiable, justificateur, justificatif, justification, justifier, méjuger, parjure, parjurer, parjurer (se), préjudice, préjudiciable, préjudiciel, rejuger
Divers : Just, Juste, Justine, Justinien

Commentaire

La famille n’est pas d’une approche facile. Il y a des interférences entre la famille de droit et celle de justice. Celle de justice est en partie recoupée par celle de dire : le juge est étymologiquement celui qui dit la justice. On a aussi tendance à confondre ce qui est juste et ce qui est (cf. l’entrée légal). De plus, la famille de « droit » est de son côté quelque peu concurrencée (ou contaminée ? ) par celle de la dextérité... De même que pour des termes comme la religion, où il est utile de distinguer la foi de l’institution, du culte, du rite, on distinguera, pour aborder la famille du mot justice, la psychologie, les valeurs morales d’un côté, et l’institution de l’autre. Le terme même de justice renvoie souvent à l’institution, comme judiciaire, le juge, jugeable, le jugement, la juridiction, l’expression de jure, juridictionnel, juridique, le jurisconsulte, la jurisprudence, le jury, le juré et le juriste. Dans tous ces termes, il est question de la justice en tant qu’elle se réfère à des textes de loi, des codes (civil, pénal, etc.), adoptés par le pouvoir exécutif et législatif, pour dire si le comportement de quelqu’un a été conforme ou non à ce qui est légal. Et, si non, à prononcer et faire exécuter des condamnations. Dans cette perspective, un avortement, la consommation de certaines substances, l’aide à un sans-papiers, l’homosexualité (pour ne citer que quelques exemples) apparaissent ou non, selon la fluctuation des textes en vigueur, en fonction aussi de la géographie (comme diraient Montaigne et Montesquieu) et de l’Histoire, comme des comportements répréhensibles ou non. C’est selon la même logique que les actions armées des Résistants, pendant la deuxième guerre mondiale, ont été jugées comme des actes de terrorisme par le gouvernement de Vichy et les nazis. Le personnage d’Antigone, chez Sophocle ou Anouilh, reste le plus emblématique de ces conflits entre la justice des hommes et celle de la conscience et des dieux.
Le mot justice renvoie donc aussi aux valeurs morales qui plongent leurs racines dans la religion qui est, historiquement, le premier lieu où se manifeste la justice. Ces valeurs morales apparaissent dans le justicier, l’injustice, les prénoms associés à la racine, injuste, injustement, injustifiable, injustifié. La religion elle-même apparaît dans abjurer, l’abjuration, l’adjuration, le jurement, jurer au sens de blasphémer, le juron. Des termes comme jurer, le parjure, parjurer renvoient aussi bien à l’institution qu’aux valeurs morales. D’autres termes renvoient à la politique, comme le conjurateur, conjurer, la conjuration, le conjuré. D’autres s’emploient dans les relations inter-individuelles, comme adjurer, l’injure, injurier, injurieux, la jugeote, l’objurgation, se déjuger. Les relations commerciales ne sont pas absentes, avec la sous-famille de adjuger, le préjudice, le préjugé, méjuger.
L’adj. juste renvoie, lui aussi, à des domaines divers (raisonnement, calcul, mécanique… ), avec l’ajustage, l’ajusteur, judicieux, la justesse

Masquer les abréviations

Afficher les abréviations

Abréviations et conventions concernant la langue :

abr. abréviation
adj. adjectif
adv. adverbe
a. fr. ancien français
c.-à-d. c’est-à-dire
cf. confer
ex. exemple
fam. familier
fém. féminin
hyb. hybride
id. idem, pareillement
loc. locution
masc. masculin
neut. neutre
part. participe
p.-ê. peut-être
plur. pluriel
pop. populaire
préf. préfixe
prép. préposition
pron. pronom
rac. racine
rad. radical
sing. singulier
subst. substantif
suff. suffixe
vb verbe


Abréviations et conventions concernant le latin :

bas lat. bas latin (à partir du IIIe siècle de notre ère)
lat. latin classique
lat. ecclés. latin ecclésiastique (langue des auteurs chrétiens à partir de la fin de l’Empire)
lat. imp. latin impérial (à partir de la fin du 1er siècle de notre ère)
lat. méd. latin médiéval (à partir du VIIe siècle de notre ère, langue écrite)
lat. pop. latin populaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1)
lat. vulg. latin vulgaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1)
grom gallo-roman = latin parlé au Moyen Âge
lat. bot. latin des botanistes


Abréviations et conventions concernant les autres langues :

alld. mot directement emprunté à l’allemand, mais d’origine latine
als. mot directement emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine
angl. mot directement emprunté à l’anglais, mais d’origine latine
ara. mot directement emprunté à l’arabe, mais d’origine latine
bre. mot directement emprunté au breton, mais d’origine latine
celt. mot directement emprunté au celtique, mais d’origine latine
esp. mot directement emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine
fran. mot directement emprunté au francique, mais d’origine latine
germ. mot directement emprunté au germanique, mais d’origine latine
it. mot directement emprunté à l’italien, mais d’origine latine
occ. mot directement emprunté à l’occitan, mais d’origine latine
piém. mot directement emprunté au piémontais, mais d’origine latine
port. mot directement emprunté au portugais, mais d’origine latine
prov. mot directement emprunté au provençal, mais d’origine latine

< alld. mot emprunté à l’allemand, mais d’origine latine
< als. mot emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine
< angl. mot emprunté à l’anglais, mais d’origine latine
< ara. mot emprunté à l’arabe, mais d’origine latine
< bre. mot emprunté au breton, mais d’origine latine
< celt. mot emprunté au celtique, mais d’origine latine
< esp. mot emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine
< fran. mot emprunté au francique, mais d’origine latine
< germ. mot emprunté au germanique, mais d’origine latine
< it. mot emprunté à l’italien, mais d’origine latine
< occ. mot emprunté à l’occitan, mais d’origine latine
< piém. mot emprunté au piémontais, mais d’origine latine
< port. mot emprunté au portugais, mais d’origine latine
< prov. mot emprunté au provençal, mais d’origine latine
i.-e. indo-européen
arg. argot
arc. archaïque