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PREMIER
Poésie
Légère, si légère, j’allais court vêtue,
Je faisais mon affaire du premier venu,
Et c’était le repos, l’heure de nonchalance,
À bouche que veux-tu, et j’entrais dans la danse
Barbara, Le Soleil noir
Étymologie
Premier < lat. primarius < primus (< *pris-mo- < *pri-is-mo-) = premier < rac. i.-e. *pr-y-H1- (*pri-) qui signifie premier.
De son côté, Priscilla <<
lat. priscus (adj.) = très ancien, des premiers temps, vieux, antique, suranné.
Par ailleurs, preux < lat. vulg. prodis < bas lat. prode = utile, profitable, efficace, d’où courageux < (vraisemblablement) lat. prodest (pro de + est) = il est utile (cf. l’entrée être) avec pro- comme variante de pri-. Prodest peut être traduit littéralement par « il est (-est) en avant (pro-) » au sujet de quelque chose ou de quelqu’un, par rapport à quelque chose ou quelqu’un (-d- pour -de-).
Domaines
La faune et la flore : brindille, primate, primatologie (hyb.), primerose, primeur, primeuriste, primevère, primulacée
Le corps : bringue, malpropre, malproprement, malpropreté, pourlèche (hyb), pourlécher (hyb), pourpoint, primipare, propret, propreté, propriocepteur, proprioceptif, proprioception
Le travail manuel : brin, pourfendeur, pourfendre, pourvoir, pourvoyeur, prédisposer, princeps (lat.), propre, proprement, propret, propreté, prouesse
Les arts : autoportrait (hyb.), avant-première, portrait, portraitiste, portraiturer, première, prima donna (it.), primitif, primitivisme
Les sentiments : à brûle-pourpoint, apprivoisable, apprivoisement, apprivoiser, apprivoiseur, inapprivoisable, inapprivoisé, pourchasser, pourfendeur, pourfendre, prétériter, preux, primaire, primate, primesautier, primitif, privauté, propre, propre-à-rien, proprement, prouesse, prude, pruderie, prudhommerie, prudhommesque
La communication : a priori (lat.), autoportrait (hyb.), impropre, improprement, impropriété, portrait, portrait-robot (hyb.), pour, pourparler, pourparlers, pourtant, pourvu que, prétérit, prétérition, prétermission
La spatialité : poursuite, poursuivant, poursuivre, pourtour, précéder
La temporalité : préhistoire, première-née, premier-né, premier venu, primaire, primarité, primeur, primidi, primitif, primitivement, primitivité, primo, printanier, printemps
La spiritualité : parabole (< gre.), prieur, prieuré, primat (< all.), primatial, primatie, priorat
Le travail intellectuel : apriorique, apriorisme, aprioriste, motu proprio (lat.), parabole (< gre.), pour-cent, pourcent, pour cent, pourcentage, pour que, pourquoi, prémices, premièrement, primaire, primarisation, primariser, primarité, primat (< all.), primordial, principal, principalement, principe, prou, réciprocité, réciproque, réciproquement, réciproquer
La physique : nucléoprotéide (hyb.), nucléoprotéine (hyb.), parabole (< gre.)
La politique : portrait-robot (hyb.), pourparler, primauté, primer, prince, princesse, princier, princièrement, principat, principauté
L’économie : pourboire, prime, primer
La justice : appropriation, approprié, approprier, copropriétaire, copropriété, expropriant, expropriateur, expropriation, exproprié, exproprier, nue-propriété, nu-propriétaire, pourvoi, pourvoir, primogéniture, prioritaire, prioritairement, priorité, privatif, privation, privatisable, privatisation, privatiser, privatiste, privé, priver, privilège, privilégié, privilégier, probloc, propre, propriétaire, propriété, proprio, prud’homal, prud’homie, prud’homme
La médecine : primal, primo-infection
Les loisirs : poursuiteur
Divers : Prescilia, Prescilla, Priscilia, Priscilla, Prudhomme
On peut commencer par identifier les termes qui renvoient à la chronologie, donc à l’idée de quelque chose de très vieux, très ancien, très antique. On repère alors les prénoms Prescilia, Prescilla, Priscilia, Priscilla, certains emplois de premier comme dans l’expression « les arts premiers ». La première place se situe encore dans la chronologie avec le premier-né, la première-née, l’avant-première, la première, la primerose (première rose, synonyme de rose trémière), primesautier, le primeur, la primevère (étymologiquement « le premier printemps », « le début du printemps », « la première fleur du printemps », « la fleur du début du printemps »). On peut ajouter primipare, primitif, la primitivité, la primogéniture, la primo-infection, primidi (le premier jour de la décade révolutionnaire), primaire (comme dans « l’ère primaire) », primal (qui concerne le début d’une névrose, en psychanalyse), la primarité, (le) ou (la) primaire (dans certains emplois), la prime (partie de l’office divin qui se récitait au lever du jour), prime (par ex. dans la prime jeunesse, de prime abord), la primulacée, printanier, le printemps, les prémices, précéder (dans certains emplois).
On passe sans difficulté de la chronologie à la logique avec a priori, l’apriorisme, premièrement, primo.
La nuance suivante concerne la spatialité, avec premier (dans certains emplois), précéder (dans certains emplois). Il faudrait ici ajouter les termes présentant le préfixe « pré- », que l’on peut estimer à plusieurs centaines dans n’importe quel dictionnaire, et qu’il est plus intéressant d’étudier à partir de leur rad. principal, « pré- » ne servant que de préfixe. Cette nuance de spatialité est aussi à l’origine de réciproque, littéralement qui va en arrière (« réci- » à rapprocher de « rétro ») et en avant (« -proque » à rapprocher de « pro »). De là la réciprocité, réciproquement, réciproquer.
La place de premier apparaît souvent dans un classement, une hiérarchie. On reconnaît alors des termes comme premier, le primate, le primat (titre honorifique attaché à tel ou tel siège épiscopal, ou, en philosophie, la dominance, la primauté, l’antériorité logique), primatial, la primatie (dignité de primat), la primatologie, le prieur (celui qui est plus en avant, qui précède), le prieuré, la prima donna, (le) primaire, la primauté, primer (l’emporter sur), primordial (qui a d’abord eu un sens chronologique : originel, de première importance), le prince, la princesse, princier, (le) principal, le principat, la principauté, le principe, le priorat (fonction de prieur), prioritaire, la priorité.
C’est cette nuance de première place, dérivée de celle d’éléments fondateurs, qui explique la nucléoprotéine et le nucléoprotéide, construits sur « nucléo- » (cf. l’entrée noix) et « -protéine » emprunté directement au grec, avec cette conception de la protéine comme « substance qu’on supposait être le radical des substances organiques azotées » (Littré).
L’adj. preux, quant à lui, au sens de courageux, vaillant, est désuet, tout autant que prou, qui n’apparaît guère que dans l’expression « peu ou prou », avec, pour prou le sens de « beaucoup ». Le terme prouesse est dérivé de preux, comme l’adj. prude et le subst. pruderie, dépréciatifs et dénonçant un excès de vertu ou de pudeur. Il y a donc un emploi antithétique, voire ironique, de l’idée originelle de courage, comme, en parallèle, le terme prouesse peut être employé ironiquement dans certains contextes au sens de forfait. Les termes prud’homme, prud’homal et prud’homie renvoient au tribunal électif chargé de trancher les conflits entre employeurs et employés. Monsieur Prudhomme, d’où l'adj. prudhommesque et la prudhommerie, est un personnage créé par Henri Monnier pour caricaturer le petit bourgeois conformiste, vaniteux et borné.
Une sous-famille importante est représentée par le terme privé. Le premier sens de « privus » en lat., à l’origine de privé, désignait celui qui est isolé en avant, d’où le sens de « spécial », d’où « mis à part », d’où « particulier », « propre à chacun ». De là privatif, la privation, la privatisation, privatiser, la privauté, priver (mettre à part, écarter de, d’où dépouiller), le privilège (la loi faite pour un simple particulier), privilégier, privé (particulier, individuel, par opposition à ce qui relève de l’espace public), l’apprivoisement, apprivoiser.
Une autre sous-famille importante est représentée par le terme propre (au sens de « qui n’appartient à personne d’autre », « spécial », « caractéristique », à partir du lat. « pro privo » signifiant « à titre particulier ». La sous-famille de propre est donc dérivée de la sous-famille de privé. Du sens de « particulier », propre passe à celui de « convenable », « qui convient bien », d’où (Littré) « bienséant », « bien arrangé ». Selon Wiktionary, « le sens de « soigné », « nettoyé », proviendrait de cette inclination humaine à entretenir avec soin ce qui relève du bien privé et à négliger le bien public ». Le capitalisme et le libéralisme ont de beaux jours devant eux… De là le propriétaire, le copropriétaire, la copropriété, l’expropriation, exproprier, impropre (en grammaire), l’impropriété, malpropre, la malpropreté, le nu-propriétaire, la nue-propriété, le propre-à-rien, propret, la propreté, le proprio, le probloc, propriocepteur, proprioceptif, la proprioception, la propriété (droit de possession individuelle, caractère propre), l’appropriation, approprier, approprié.
La sous-famille de portrait est composée de v-trait » qui renvoie à la famille de traire, avec le sens de « tirer », et de « pro- » devenu « por- », signifiant « en avant », d’où le sens littéral de l’ancien vb portraire, à savoir « tirer en avant », d’où « tirer une plume ou une brosse (pour dessiner ou écrire) devant soi », d’où « dessiner », d’où « faire le portrait ». Il y a donc un pléonasme dans l'expression « tirer le portraitautoportrait, le portrait-robot, le portraitiste, portraiturer.
Sur cette même évolution de « pro » en « por » devenu lui-même pour, on peut justement relever la prép. pour (signifiant « en vue de », avec une idée de projet, de but, d’anticipation, d’aller de l’avant (pour signifie littéralement « chose en vue de laquelle »), pourfendre (littéralement « fendre ce qui est devant soi » : de l’idée de « en avant », « vers l’avant », le rad. de fendre fait évoluer le vb vers l’idée de « trancher complètement, du haut vers le bas »).
Dans pourlécher, le sens de « vers l’avant », assez logique pour un vb comme « lécher », évolue cette fois-ci vers la nuance de « complètement », « tout autour ». On peut citer aussi les pourparlers, le pourboire, pour-cent (avec pour au sens évolué de « par rapport à »), le pourcentage, pourchasser, le pourfendeur, la pourlèche (ou perlèche, ce qui atteste de l’influence réciproque entre « pro » et « per »), le pourpoint (« vêtement masculin doublé, piqué, brodé », à partir du vieux vb porpoindre signifiant « piquer »), la poursuite, poursuivre, le poursuivant, pourtant, le pourtour, le pourvoi, pourvoir (quasi synonyme de vprévoir »), le pourvoyeur et pourvu que.
Il est par ailleurs possible que le préfixe fr. « per- » (prép. « per » en lat.), signifiant « à travers », ait eu pour sens « en avant », d’où « en parcourant l’espace qui nous sépare de quelque chose ou de quelqu’un », d’où « à travers ». Cette parenté avec le rad. « pro- » (et ses variantes) n’est cependant pas absolument avérée, et le listage de dizaines ou centaines de termes commençant par le préfixe « per- » n’est pas non plus du plus grand intérêt.
Pour finir, il est possible, mais seulement possible, que le mot brin représente une évolution du rad. « prim- » de premier : l’idée est celle de quelque chose de tendre, qui en est à son premier stade de vie. De là la brindille, et peut-être bringue, au sens de « femme menue » (cf. l'expression « un beau brin de femme »), ou de femme de mœurs légères, à partir d’un sens premier de « morceau ».
Complément
Viennent du grec des mots comme la prostate, le prote, le protagoniste, la protéine, le proton, le prototype, le péricarde, le péricarpe, le périmètre, la période, la péripétie, la périphérie, la périphrase, le péristyle, le péritoine, la péritonite, le périnée, le péripatéticien, la péripatéticienne, la paraplégie.
Au sens de «récompense» et de «récompenser», la prime et primer appartiennent à la famille de exemple.
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Abréviations et conventions concernant la langue :
abr. |
abréviation |
adj. |
adjectif |
adv. |
adverbe |
a. fr. |
ancien français |
c.-à-d. |
c’est-à-dire |
cf. |
confer |
ex. |
exemple |
fam. |
familier |
fém. |
féminin |
hyb. |
hybride |
id. |
idem, pareillement |
loc. |
locution |
masc. |
masculin |
neut. |
neutre |
part. |
participe |
p.-ê. |
peut-être |
plur. |
pluriel |
pop. |
populaire |
préf. |
préfixe |
prép. |
préposition |
pron. |
pronom |
rac. |
racine |
rad. |
radical |
sing. |
singulier |
subst. |
substantif |
suff. |
suffixe |
vb |
verbe |
Abréviations et conventions concernant le latin :
bas lat. |
bas latin (à partir du IIIe siècle de notre ère) |
lat. |
latin classique |
lat. ecclés. |
latin ecclésiastique (langue des auteurs chrétiens à partir de la fin de l’Empire) |
lat. imp. |
latin impérial (à partir de la fin du 1er siècle de notre ère) |
lat. méd. |
latin médiéval (à partir du VIIe siècle de notre ère, langue écrite) |
lat. pop. |
latin populaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1) |
lat. vulg. |
latin vulgaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1) |
grom |
gallo-roman = latin parlé au Moyen Âge |
lat. bot. |
latin des botanistes |
Abréviations et conventions concernant les autres langues :
alld. |
mot directement emprunté à l’allemand, mais d’origine latine |
als. |
mot directement emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine |
angl. |
mot directement emprunté à l’anglais, mais d’origine latine |
ara. |
mot directement emprunté à l’arabe, mais d’origine latine |
bre. |
mot directement emprunté au breton, mais d’origine latine |
celt. |
mot directement emprunté au celtique, mais d’origine latine |
esp. |
mot directement emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine |
fran. |
mot directement emprunté au francique, mais d’origine latine |
germ. |
mot directement emprunté au germanique, mais d’origine latine |
it. |
mot directement emprunté à l’italien, mais d’origine latine |
occ. |
mot directement emprunté à l’occitan, mais d’origine latine |
piém. |
mot directement emprunté au piémontais, mais d’origine latine |
port. |
mot directement emprunté au portugais, mais d’origine latine |
prov. |
mot directement emprunté au provençal, mais d’origine latine |
< alld. |
mot emprunté à l’allemand, mais d’origine latine |
< als. |
mot emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine |
< angl. |
mot emprunté à l’anglais, mais d’origine latine |
< ara. |
mot emprunté à l’arabe, mais d’origine latine |
< bre. |
mot emprunté au breton, mais d’origine latine |
< celt. |
mot emprunté au celtique, mais d’origine latine |
< esp. |
mot emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine |
< fran. |
mot emprunté au francique, mais d’origine latine |
< germ. |
mot emprunté au germanique, mais d’origine latine |
< it. |
mot emprunté à l’italien, mais d’origine latine |
< occ. |
mot emprunté à l’occitan, mais d’origine latine |
< piém. |
mot emprunté au piémontais, mais d’origine latine |
< port. |
mot emprunté au portugais, mais d’origine latine |
< prov. |
mot emprunté au provençal, mais d’origine latine |
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i.-e. |
indo-européen |
arg. |
argot |
arc. |
archaïque |