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TORDRE
Poésie
Ô qui dira les torts de la rime ?
Paul Verlaine, Jadis et naguère, Art poétique
Étymologie
Tordre < lat. vulg. torcere < lat. torquere = tordre, contourner, torturer < rac. i.-e. *tor-k- qui signifie tordre
Domaines
Les quatre éléments : tourmente
La faune et la flore : bistorte, torcol, torcou, tordeuse, tormentille, tortricidé, tourteau
Le corps : tarte, tartelette, tartine, tartiner, tord-boyaux, tourte, tourteau, tourtier, tourtière
Le travail manuel : contorsion, contorsionner (se), contorsionniste, désentortiller, détordre, détors, détorsion, détortiller, distordre, distordu, distorsion, entortillage, entortillement, entortiller, introuvable, retordage, retordement, retordeur, retordoir, retordre, retors, retorsoir, retroussé, retroussement, retrousser, retroussis, retrouver, torche, torche-cul, torcher, torchère, torchis, torchon, torchonner, tordage, tordeur, tord-nez, tordoir, tordu, torque, tors, torsade, torsader, torseur, torsion, tortillage, tortillard, tortille, tortillement, tortiller, tortillère, tortillon, tortis, tortu, tortueusement, tortueux, tourtière, treuil, treuillage, treuiller, trophée, tropicalisation, tropicaliser, troussage, trousse, trousseau, trousse-pied, trousse-queue, troussequin, trousser, trouvable, trouvaille, trouvé, trouver, trouveur
Les arts : troubadour, trouvère
Les sentiments : retors, retrouvailles, retrouver, tarte, tordant, tortionnaire, tortu, torturant, torture, torturer, torve, tourment, tourmenté, tourmenter, tourmenteur, trouillard, trouille, trouillomètre (hyb.), trousseur
La communication : controuvé, controuver, rétorquer, rétorsif, rétorsion, tortil, tourteau, trope
La spatialité : subtropical, tropical, tropique, tropisme
Le travail intellectuel : introuvable, tarte, tordu, trouvable, trouvaille, trouvé, trouver, trouveur
La politique : tourmente
La justice : détrousser, détrousseur, extorquer, extorqueur, extorsion, tort
La médecine : entorse, torticolis
L’armée : trophée, troubade
Les loisirs : contorsionniste, trophée
Avec le sens premier de tordre, on relève des termes comme la bistorte (plante des prés montagneux dont le rhizome est tordu en S), la contorsion, la distorsion, la détorsion, l’entorse, entortiller, retordre, le tordage (de fils textiles), tordant (qui fait se tordre de rire l’auditoire), la tordeuse (papillon de la famille des tortricidés, dont la chenille roule les feuilles en cornet en les liant avec des fils de soie).
On peut ajouter le torcol ou torcou (oiseau grimpeur), le torque (collier celtique métallique et rigide), tors (qui a été tordu), la torsade, la torsion, le torticolis, le tortil (en héraldique, le terme désigne un cercle d’or autour duquel est passé en spirale un collier de perles), tortiller, la tortille ou tortillère (allée étroite et tortueuse dans un parc ou un jardin), torve (qui a un regard tordu, de côté, menaçant), tortu (qui n’est pas droit, difforme, sans franchise), tortueux, le tortis (assemblage de brins tordus).
Tordre peut aussi inclure assez de violence pour devenir une torture.
Très proche de la torture, on relève le tourment qui tort physiquement ou psychiquement celui qui en est victime. La tourmente peut être météorologique, sociale ou politique. La tormentille, elle, est une plante de la famille des rosacées, dont la racine est astringente selon certains. Selon d’autres, elle aurait des propriétés curatives et son nom rappellerait le subst. « tormita » qui désignait en lat. la colique, le mal de ventre. On est alors tout près du mot trouille qui, avant de signifier « la peur », renvoyait à la notion de colique, de pet, de diarrhée, qui peuvent faire se tordre, et qui dérivait déjà du sens de « broyat de grappes de raisin qui fermente ».
La tarte, quant à elle, est une pâtisserie dont la pâte est tordue, tournée en rond dans le moule. La tourte est l’équivalent de la tarte, en plat salé ordinairement. La tartine est étymologiquement une petite tarte. Le tourteau est entre autres un gros pain de forme ronde, puis un pain constitué du résidu obtenu lors du pressage de certains fruits ou céréales, et servant à l’alimentation du bétail. Quand le mot tourteau désigne un crabe, il illustre le sens premier de tordu, « qui marche de travers ». Il est surprenant, à première vue, de réunir une torche et torcher. En fait, Jean Bouffartigue et Anne-Marie Delrieu (Trésors des racines latines, chez Belin) nous donnent l’explication : le mot « torche désigna d’abord un bouchon de paille entortillée. Enflammé, l’objet servait de flambeau. Mais on pouvait aussi s’en servir pour frotter, essuyer, d’où le verbe torcher et le nom torchon. Enfin, on pouvait l’incorporer à de l’argile pour faire du torchis. » Le mot trophée, quant à lui, a d’abord désigné un arbre abattu et élagué auquel on suspendait les armes des vaincus, puis un monument élevé sur le champ de bataille, puis la victoire, le triomphe, puis le monument, le souvenir. Ces sens sont dérivés du grec où le mot trophée désignait un monument de victoire élevé, avec les armes prises sur l’ennemi, à l’endroit où la déroute avait commencé. Ce sens est davantage en relation avec l’étymologie que le lat. puisque la déroute est en grec un mot qui signifie le changement de direction, la fuite, le fait de tourner le dos à l’ennemi.
On peut ajouter le mot treuil qui vient d’un mot lat. signifiant « le pressoir ». C’est par torsion, enroulement d’une corde ou d’un câble que le treuil fonctionne. L’adj. retors s’emploie quant à lui au sens premier pour désigner un fil tordu plusieurs fois ou au sens figuré pour qualifier quelqu’un de rusé. Le tort est une action tordue, contraire au droit, par opposition à la linéarité symbolisant le droit.
Par ailleurs, extorquer, c’est obtenir par la force, la violence, la menace, la ruse, des procédés tordus. La rétorsion est un procédé qui consiste à répliquer par des procédés ou des mesures aussi tordus, voire illégitimes, que ceux dont on a été victime. De son côté, le verbe rétorquer signifie tourner contre son adversaire les arguments dont il s’est servi, d’où répliquer, proférer en guise de riposte.
De son côté, un trope est une figure de style, un tour, en particulier une métonymie ou une métaphore. Pour les plantes, le tropisme est une croissance orientée dans l’espace. Le tropique est un parallèle du globe terrestre (il y a deux tropiques) le long duquel le soleil passe au zénith à chacun des solstices. Le terme est relatif à la notion de tour, de révolution apparente du soleil.
Le troubadour et le trouvère composent des vers : ils ont recours à des tropes et toutes sortes de figures de style, et donc, ils inventent, comme le suggère le verbe trouver. Ce verbe a d’abord signifié composer un air, puis un poème, puis inventer, découvrir. Sur trouver, controuver signifie inventer, imaginer quelque chose de faux. Le verbe trousser, quant à lui, signifie tordre pour faire un paquet, une botte (de blé), d’où charger un animal de ce paquet, d’où relever en tordant, en pliant (un vêtement). Le verbe retrousser a pris la relève de trousser en ce sens. Le retroussis est la partie du bord d’un chapeau ou d’un vêtement qui est relevée, repliée vers le haut. Détrousser quelqu’un, c’est le dépouiller de ce qu’il porte, le voler. Le mot trousse illustre le sens premier de trousser : on y range ce que l’on a réuni en paquet, pour l’école, pour la toilette. Le trousseau renvoie à ce même sens de trousser. Au pluriel, les trousses (dans l’expression être aux trousses de quelqu’un) étaient les chausses bouffantes des pages, donnant l’impression qu’elles étaient relevées, comme l’est le troussequin à l’arrière d’une selle. Le mot trousseur, dans l’expression « trousseur de jupons », illustre bien sûr quant à lui le sens de retrousser.
Requiem pour deux métiers d’autrefois : le torseur était un « tourneur sur bois dont la spécialité était de fabriquer des pieds de chaise ou de table torsadés, propres au style Louis XIII ». Le tourtier était un « pâtissier qui confectionnait des tourtes ». (Gérard Boutet, La France en héritage, Perrin, 2007)
Complément
Viennent du grec des mots comme l’héliotrope, l’entropie, la troposphère, (le) tropique, le tropisme, la tropicalisation, le psychotrope.
Seul Littré rattache « tortue » à la famille de tordre, mais on lui a conservé ici une entrée spécifique.
Le mot « tourbillon » appartient, quant à lui, à la famille de troubler.
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Abréviations et conventions concernant la langue :
abr. |
abréviation |
adj. |
adjectif |
adv. |
adverbe |
a. fr. |
ancien français |
c.-à-d. |
c’est-à-dire |
cf. |
confer |
ex. |
exemple |
fam. |
familier |
fém. |
féminin |
hyb. |
hybride |
id. |
idem, pareillement |
loc. |
locution |
masc. |
masculin |
neut. |
neutre |
part. |
participe |
p.-ê. |
peut-être |
plur. |
pluriel |
pop. |
populaire |
préf. |
préfixe |
prép. |
préposition |
pron. |
pronom |
rac. |
racine |
rad. |
radical |
sing. |
singulier |
subst. |
substantif |
suff. |
suffixe |
vb |
verbe |
Abréviations et conventions concernant le latin :
bas lat. |
bas latin (à partir du IIIe siècle de notre ère) |
lat. |
latin classique |
lat. ecclés. |
latin ecclésiastique (langue des auteurs chrétiens à partir de la fin de l’Empire) |
lat. imp. |
latin impérial (à partir de la fin du 1er siècle de notre ère) |
lat. méd. |
latin médiéval (à partir du VIIe siècle de notre ère, langue écrite) |
lat. pop. |
latin populaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1) |
lat. vulg. |
latin vulgaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1) |
grom |
gallo-roman = latin parlé au Moyen Âge |
lat. bot. |
latin des botanistes |
Abréviations et conventions concernant les autres langues :
alld. |
mot directement emprunté à l’allemand, mais d’origine latine |
als. |
mot directement emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine |
angl. |
mot directement emprunté à l’anglais, mais d’origine latine |
ara. |
mot directement emprunté à l’arabe, mais d’origine latine |
bre. |
mot directement emprunté au breton, mais d’origine latine |
celt. |
mot directement emprunté au celtique, mais d’origine latine |
esp. |
mot directement emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine |
fran. |
mot directement emprunté au francique, mais d’origine latine |
germ. |
mot directement emprunté au germanique, mais d’origine latine |
it. |
mot directement emprunté à l’italien, mais d’origine latine |
occ. |
mot directement emprunté à l’occitan, mais d’origine latine |
piém. |
mot directement emprunté au piémontais, mais d’origine latine |
port. |
mot directement emprunté au portugais, mais d’origine latine |
prov. |
mot directement emprunté au provençal, mais d’origine latine |
< alld. |
mot emprunté à l’allemand, mais d’origine latine |
< als. |
mot emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine |
< angl. |
mot emprunté à l’anglais, mais d’origine latine |
< ara. |
mot emprunté à l’arabe, mais d’origine latine |
< bre. |
mot emprunté au breton, mais d’origine latine |
< celt. |
mot emprunté au celtique, mais d’origine latine |
< esp. |
mot emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine |
< fran. |
mot emprunté au francique, mais d’origine latine |
< germ. |
mot emprunté au germanique, mais d’origine latine |
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mot emprunté à l’italien, mais d’origine latine |
< occ. |
mot emprunté à l’occitan, mais d’origine latine |
< piém. |
mot emprunté au piémontais, mais d’origine latine |
< port. |
mot emprunté au portugais, mais d’origine latine |
< prov. |
mot emprunté au provençal, mais d’origine latine |
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i.-e. |
indo-européen |
arg. |
argot |
arc. |
archaïque |