La Chair des mots

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SIÈGE

Poésie

Ces vieillards ont toujours fait tresse avec leurs sièges

Arthur Rimbaud, Poésies, Les Assis

Étymologie

Siège < lat. vulg. sedicum < sedere = être assis, siéger, séjourner, demeurer < rac. i.-e. *sed- qui signifie être assis.
Par ailleurs, chaire < lat. cathedra = la chaise à dossier, la chaire (professeur ou église) < grec kathedra = le banc, le siège < kat- (préfixe = sur) + hedra = le siège, dont (Littré) le radical est le même que le radical lat. sed- dans sedere.
De son côté, nid < lat. nidus = le nid < ni- (préfixe i.-e. signifiant « vers le bas ») + sd- (variante de sed-).

Domaines

Les quatre éléments : sédiment, sédimentaire, sédimentation, sédimenteux, sédimentologie (hyb.), subsidence
La faune et la flore : dénicher, dénicheur, nichée, nid, nidification, nidifier, nidulaire, nidulé, réséda (lat.), sédon, sédum, sessile
Les groupes humains : nichée
Le corps : nichon, nidation, nid-d’abeille, nid-d’abeilles, séant
L’habitat : niche
Le travail manuel : asseoir, assiette, assiettée, assise, chaire (< gre.), chauffe-assiettes, dénicher, dénicheur, desseller, niche, nicher, nichet, nichoir, nid, nid-de-pie, nid-de-poule, nidification, nidifier, rasseoir, rassir, rassis, rassissement, résidanat, résidant, résidence, résident, résidentiel, résider, résidu, résiduaire, résiduel, selle, seller, sellerie, sellette, sellier, télésiège (hyb.)
Les sentiments : assidu, assiduité, assidûment, assiette, bienséance, bienséant, déniaiser, ex cathedra (lat.), insidieusement, insidieux, malséant, messeoir, obsédant, obsédé, obséder, obsesseur, pique-assiette, possessif, possessivité, sédentaire, sédentarité, seoir, seyant
La communication : intersession, possessif
La spatialité : sis, sise
La temporalité : séance, session, surseoir, sursis
La spiritualité : cathédrale (< gre.), ex cathedra (lat.), possédé, saint-siège
Le travail intellectuel : niais, niaisement, niaiser, niaiserie
La politique : coprésidence, coprésident, dissidence, dissident, praesidium (lat.), préséance, présidence, président, présidente, présidentiable, présidentialisme, présidentiel, présidentielles, présider, présidium, sédentarisation, sédentariser, sédentarité, siéger, vice-présidence, vice-président
L’économie : gnognote, gnognotte, subside, subsidier
La justice : assesseur, assises, déposséder, dépossession, possédant, posséder, possesseur, possessif, possession, possessionnel, possessoire, siéger, subside, subsidiaire, subsidiarité, surseoir, sursis, sursitaire
La médecine : obsédant, obsédé, obséder, obsession, obsessionnel, obsidional, sédatif, sédation
L’armée : assiégé, assiégeant, assiéger, obsidional, sursis, sursitaire

Commentaire

Être debout. Être couché. Être assis. Trois positions fondamentales. Sauf que le fondement renvoie plutôt à la position assise.
Le sens premier de la famille est encore représenté, de l’assise à siéger, du séant au télésiège… Il se cache un peu dans de nombreuses formes. L’assiette est la manière d’être assis à cheval, puis la base qui assure la stabilité d’une chose, puis la base de calcul (d’un impôt par ex.), puis la place occupée par quelqu’un (à table), puis la pièce de vaisselle à fond plat sur laquelle on place les mets.
Le président est étymologiquement celui qui s’assied le premier, autour de la table, comme marque de supériorité, c’est-à-dire de préséance. L’assesseur est assis à côté (« ad- » devenu « as- ») du juge, du président. La cour d’assises se réunit au siège de la juridiction, c’est-à-dire le chef-lieu du département.
Le mot chaire est à l’origine du mot cathédrale, siège de l’église épiscopale d’un diocèse. La selle, elle, est un autre siège, d’où seller, la sellette (petit siège de bois sur lequel on faisait asseoir un accusé au tribunal), desseller, le sellier qui fabrique, répare et vend des selles et des articles de harnachement. Assiéger une ville ou un édifice précis, c’est en faire le siège, c’est-à-dire s’installer fermement tout autour. Obséder est un quasi synonyme d’assiéger, à l’adresse d’une personne et non d’une ville ou d’un édifice, même si l’adj. obsidional qualifie le siège d’une ville. Très proche, l’adj. insidieux dérive du mot lat. « insidiae » qui signifie « les embûches », « le piège ».
À l’opposé, un être assidu est étymologiquement assis à côté (« ad- » devenu « as- ») de la personne qu’il admire ou courtise. Il manifeste de la constance, de l’application. Un dissident, lui, va s’asseoir ailleurs…
La bienséance est l’attitude de celui qui se comporte poliment, d’abord à table, comme invité, puis en toute occasion. L’adj. seyant développe aussi cette idée de comportement civil et courtois. À l'opposé, messeoir signifie « ne pas convenir », « ne pas être séant ». Le vb ne s'emploie qu'aux formes il messied et messéant.
Posséder quelque chose, une demeure, une terre, c’est étymologiquement « être assis dessus », c’est « manifester sa propriété par un comportement de maître ». Si l’on s’arrête de voyager, que l’on s’installe quelque part, on y réside, on peut même devenir sédentaire. À noter que le terme résidant (subst. et adj.) s’applique à quelqu’un qui habite dans un lieu, alors que le résident habite ou séjourne ailleurs que dans son pays d’origine.
Le réséda est ainsi nommé pour ses vertus apaisantes. Pline l’Ancien, dans son Histoire naturelle, raconte : « Aux environs d’Ariminum on connaît une plante appelée réséda. Elle dissipe les fluxions et toutes les inflammations. Ceux qui l’emploient ajoutent cette formule : Réséda, sois le réséda des maladies ; sais-tu, sais-tu qui a ici fait ses petits [qui sont tels que] les racines n’aient ni tête ni pieds ? On doit dire ces paroles trois fois et cracher trois fois. » En fait, le mot même de reseda (réséda en fr.) est l’impératif du vb « resedare » qui signifie « calmer ». Le sédum, appelé aussi « orpin » ou « joubarbe des toits » ou même sédon, est lui aussi nommé ainsi pour ses vertus cicatrisantes, calmantes.
Le participe sis, en vocabulaire juridique, signifie « situé ». Comme pour le mot assiette, sis est perçu à tort comme appartenant à la sous-famille de « situer » (cf. l’entrée poser). Le sédiment, quant à lui, n’est pas assis, mais c’est ce qui demeure, qui reste au fond d’un liquide, qui reste fixé sur un support. Le sédatif va encore plus loin dans cette idée de sédentarité : il calme et rend apathique, sinon immobile.
Les oiseaux ne consomment pas de sédatifs. Ils construisent des nids. Ce terme, étymologiquement, exprime l’idée d’être assis vers le bas, donc en hauteur. Le terme niche, dans un mur ou pour un chien, est dérivé du terme nid, mais le vb nicher renvoie à l’oiseau, pas au chien. En botanique, l’adj. nidulé désigne des semences disposées dans une capsule comme des œufs dans un nid. Dans le Nord de la France, le mot nichon désigne un petit oiseau au nid (par métonymie,à savoir le contenu pour le contenant), un enfant délicat (par métaphore et personnification), et partout en France, le nichon est un sein qui se niche dans le corsage.
L’adj. niais, quant à lui, reprend cette image du nid : est niais celui qui est intellectuellement dans l’état d’un oisillon encore au nid. Le subst. gnognotte (ou gnognote) pourrait être une forme dialectale redoublée de niais, traduisant la notion de niaiserie, puis de chose sans valeur.
Le vb surseoir, de son côté, signifie étymologiquement « être assis ou posé sur quelque chose », d’où « s’abstenir de faire quelque chose », « remettre », « procrastiner », avec le préfixe « super- » évoluant en « sur- » qui marque une position supérieure. Rassis, part. passé de rasseoir, signifie rarement « assis de nouveau », mais plus souvent « calme », « modéré », et encore plus souvent « dur », « manquant de fraîcheur » (pour du pain par ex.). Le cheminement sémantique part de « ne pas bouger », « rester en place », « ne pas s’exciter », « se trouver là depuis longtemps ». Le subside, lui, est une réserve (dans le domaine militaire par ex.), un soutien, un renfort, des ressources. C’est quelque chose qui est placé en réserve pour servir à l’occasion, littéralement qui se situe en dessous (« sub- ») et qui y reste (« -side », de asseoir au sens de « placer »). En botanique, enfin, l’adj. sessile désigne surtout une fleur insérée (mot à mot assise, « posée ») directement sur l’axe de la plante, sans pédoncule.

Complément

Viennent du grec des mots comme la chaire, la chaise, la chaisière et des composés en -èdre, comme (le) polyèdre, (le) pentaèdre, (le) décaèdre, l’hexamètre.
Viennent du germ. via l’ang. : le setter, l’offset (« report to set off » en angl.).

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Abréviations et conventions concernant la langue :

abr. abréviation
adj. adjectif
adv. adverbe
a. fr. ancien français
c.-à-d. c’est-à-dire
cf. confer
ex. exemple
fam. familier
fém. féminin
hyb. hybride
id. idem, pareillement
loc. locution
masc. masculin
neut. neutre
part. participe
p.-ê. peut-être
plur. pluriel
pop. populaire
préf. préfixe
prép. préposition
pron. pronom
rac. racine
rad. radical
sing. singulier
subst. substantif
suff. suffixe
vb verbe


Abréviations et conventions concernant le latin :

bas lat. bas latin (à partir du IIIe siècle de notre ère)
lat. latin classique
lat. ecclés. latin ecclésiastique (langue des auteurs chrétiens à partir de la fin de l’Empire)
lat. imp. latin impérial (à partir de la fin du 1er siècle de notre ère)
lat. méd. latin médiéval (à partir du VIIe siècle de notre ère, langue écrite)
lat. pop. latin populaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1)
lat. vulg. latin vulgaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1)
grom gallo-roman = latin parlé au Moyen Âge
lat. bot. latin des botanistes


Abréviations et conventions concernant les autres langues :

alld. mot directement emprunté à l’allemand, mais d’origine latine
als. mot directement emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine
angl. mot directement emprunté à l’anglais, mais d’origine latine
ara. mot directement emprunté à l’arabe, mais d’origine latine
bre. mot directement emprunté au breton, mais d’origine latine
celt. mot directement emprunté au celtique, mais d’origine latine
esp. mot directement emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine
fran. mot directement emprunté au francique, mais d’origine latine
germ. mot directement emprunté au germanique, mais d’origine latine
it. mot directement emprunté à l’italien, mais d’origine latine
occ. mot directement emprunté à l’occitan, mais d’origine latine
piém. mot directement emprunté au piémontais, mais d’origine latine
port. mot directement emprunté au portugais, mais d’origine latine
prov. mot directement emprunté au provençal, mais d’origine latine

< alld. mot emprunté à l’allemand, mais d’origine latine
< als. mot emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine
< angl. mot emprunté à l’anglais, mais d’origine latine
< ara. mot emprunté à l’arabe, mais d’origine latine
< bre. mot emprunté au breton, mais d’origine latine
< celt. mot emprunté au celtique, mais d’origine latine
< esp. mot emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine
< fran. mot emprunté au francique, mais d’origine latine
< germ. mot emprunté au germanique, mais d’origine latine
< it. mot emprunté à l’italien, mais d’origine latine
< occ. mot emprunté à l’occitan, mais d’origine latine
< piém. mot emprunté au piémontais, mais d’origine latine
< port. mot emprunté au portugais, mais d’origine latine
< prov. mot emprunté au provençal, mais d’origine latine
i.-e. indo-européen
arg. argot
arc. archaïque