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POSER
Poésie
Suprême, une langueur s’exhalait des calices,
Et les marins pâmés sentaient, lentes délices,
Des velours de baisers se poser sur leurs yeux...
Albert Samain, Les Sirènes
Étymologie
Poser < bas lat. pausare = s’arrêter, cesser. Le part. passé de pausare (pausatus) s’est confondu très tôt avec celui de ponere (positus) = poser, placer, c’est-à-dire mettre dans une situation stable, fixe, ce qui accentue encore la confusion créée par la proximité phonétique. De plus, ponere est un composé de po- (qui est sans doute un équivalent de « por », variante de « pro » = en avant, avec un sens aussi souvent intensif que spatial (devant)) + sinere = laisser, placer, établir, installer, permettre < rac. i.-e. *sey- qui signifie permettre. Ce vb ponere, même sans le préfixe po-, avait d’ailleurs comme premier sens celui de poser, d’où ne plus retenir, d’où laisser libre, d’où permettre.
Un verbe comme « déposer » relève donc de ponere quand il signifie « mettre à terre » et de pausare quand il signifie « attester ». Enfin, la plupart des termes français relevant de ces deux familles datent d’une époque où la confusion était solidement installée dans l’esprit des gens, d’où les hésitations de plusieurs étymologistes à rattacher tel ou tel mot à la racine de « pausare » ou à celle de « ponere ». Par mesure de simplification, les deux racines sont donc ici regroupées sous l’entrée poser.
Domaines
La faune et la flore : ovipositeur, pondaison, pondeur, pondeuse, pondoir, pondre, ponte, reposée
Le corps : compote, compotier, postillonner (< it.), postural, posture (< it.), prédisposer, prédisposition, repos, reposant, reposé, reposer
L’habitat : imposte (< it.)
Le travail manuel : aéropostal, aposter, apposer, apposition, composant, composante, composé, composer, composite, composition, compost (ang.), compostage (< ang.), composter, composteur (< it.), décomposable, décomposer, décomposeur, décomposition, dépose, déposer, dépositaire, déposition, dépôt, dépotoir, diapositive (hyb.), disposé, disposer, dispositif, disposition, entreposage, entreposer, entreposeur, entrepositaire, entrepôt, exposant, exposer, exposition, interposer, interposition, juxtaposé, juxtaposer, juxtaposition, malposition, posage, pose, posé, posemètre (hyb.), poseur, postage, postal, poste, posté, poster, postiche (< it.), postier, postillon (< it.), poteau, recomposable, recomposer, recomposition, repose, repose-pied, repose-pieds, repose-tête, repositionner, superposable, superposer, superposition, transposable, transposer, transposition, voiture-poste
Les arts : composer, compositeur, exposition, transposable, transposer, transpositeur, transposition
Les sentiments : disponibilité, disponible, dispos (< it.), imposant, imposteur, imposture, indisponibilité, indisponible, indisposer, indisposition, posé, posément, positif, positivement, positivité, pote, suppôt
La communication : antéposer, antéposition, apposition, à-propos, à propos de, avant-propos, composition, contre-proposition, déponent, désinence, désinentiel, exposé, juxtaposer, juxtaposition, opposition, postposer, postposition, prépositif, préposition, prépositionnel, prépositivement, propos, proposable, proposer, proposition, propositionnel, publipostage, surcomposé
La spatialité : dépôt, in situ, opposé, opposite, ponant (< it.), ponantais (< it.), position, positionnement, positionner, positionneur, poste, site, situation, situé, situer
La temporalité : pause, pause-café, pauser, reposer
La spiritualité : déposition, imposer, imposition, reposoir
Le travail intellectuel : composé, composée, exponentiel, exponentiellement, exposant, indécomposable, opposé, opposition, positif, positivisme, positiviste, positivité, présupposé, présupposer, présupposition, situationnisme, situationniste, supposable, supposé, supposer, supposition, transposée, transposition
La physique : composant, composé, positif, positivité, positon, positron, sous-exposer, sous-exposition, surexposer, surexposition
La politique : imposé, imposer, néopositivisme (hyb.), néopositiviste (hyb.), opposant, opposer, opposition, oppositionnel, préposé, préposer, prévôt, prévôtal, prévôté
L’économie : dépositaire, dépôt-vente, timbre-poste
La justice : déposant, déposer, déposition, dépôt, imposable, imposer, imposition, impôt, inopposabilité, inopposable, opposabilité, opposable, opposant, opposer, surimposer, surimposition
La médecine : indisposé, indisposition, séropositif, séropositivité, suppositoire
L’armée : avant-poste, poster
Les loisirs : ponte, ponter
La famille est complexe et toute tentative de classification se fait plus facilement en fonction des sens évolués qui dépendent bien sûr en partie des préfixes plutôt qu’en suivant une évolution sémantique et chronologique des diverses nuances.
On peut au demeurant pour commencer isoler un certain nombre de termes qui illustrent la nuance de permettre, laisser faire, autoriser, en gardant en tête que le rad. a d’abord signifié poser. Même ici, les préfixes sont aussi porteurs de sens que les radicaux. Ces termes sont déposer (au sens de faire une déposition), le déposant, la déposition, le dépositaire (dans certains emplois), imposable, imposant, imposer, l’imposition, l’imposteur, l’imposture, imposé, l’impôt, l’opposabilité, opposable, opposant, opposer, l’opposition, opposé.
La nuance suivante est celle de s’arrêter, de cesser, de mettre fin à un processus. On rencontre alors, avec de nouveau un rôle important des préfixes, des termes comme la pause, la pause-café, pauser, déponent (se dit d’un vb lat. qui a une conjugaison passive et un sens actif : le vb dépose alors le sens passif, le met de côté, à l’écart), le ponant (c’est-à-dire l’Ouest, où le soleil semble terminer sa course), ponantais, la désinence (ce qui, littéralement, met un terme à un mot), désinentiel.
La sous-famille de reposer illustre pour l’essentiel cette nuance de s’arrêter, avec des termes comme le repos, reposant, reposer (en liaison avec le repos), le reposoir, reposé, la reposée (le lieu où une bête se repose pendant la journée).
La nuance suivante est celle de mettre dans une situation stable, dans telle ou telle situation, de placer, de poser (sur un support). On rencontre alors de très nombreux termes, parmi lesquels on peut citer la pose (le fait de poser), posé, posément, la dépose et la repose (pour un meuble, un appareil), déposer (quand le vb signifie « poser à terre »), la déposition (dans l’expression Déposition de Croix), le dépositaire (dans certains emplois), le dépotoir (qui a subi pour l’orthographe l’influence du mot « pot »), le dépôt, le dépôt-vente, le poseur.
On peut ajouter la sous-famille de poster, avec la poste, le poste, posté, le postage (l’expédition du courrier, surtout par paquebot), composter, le composteur, postal, poster, le publipostage, l’avant poste, le postier, le postillon (l’homme qui conduit les chevaux d’une voiture de poste, puis la boulette de pain contenant un message et que les détenus se lancent pour communiquer, puis la gouttelette de salive projetée en parlant), postillonner, aposter (mettre quelqu’un en poste pour qu’il guette), la posture, postural, composter, le compost, le compostage, le timbre-poste, le postiche (quelque chose qui est placé à côté, d’où à la place, ou plutôt dérivé du lat. tardif « appositicius », au sens de « feint », avec aphérèse, c’est-à-dire coupe du début du mot), l’imposte (en architecture ou menuiserie).
On peut citer aussi la position, positif, le positionnement, positionner, le positivisme, la positivité, le positon ou positron (antiparticule de l’électron), repositionner, le prévôt, la compote (terme qui désigne étymologiquement un mets composé de plusieurs éléments), le compotier, la diapositive (l’inverse photographique d’un film négatif), la disponibilité, disponible, l’ovipositeur (tarière des insectes), exponentiel, le poteau (à partir du lat. « postis », le jambage de porte, puis la personne sur laquelle on peut s’appuyer), le pote (terme formé sur poteau, au sens figuré du mot).
Il existe aussi une sous-famille construite sur le part. passé du vb lat. « sinere » (poser, puis permettre), à savoir « situs », le site. On peut illustrer cette sous-famille avec le site, ce qui est posé, placé, installé. De là situer (placer en un lieu, établir, assigner), la situation, le situationnisme, situé, in situ.
Une autre sous-famille est constituée par une évolution directe et ancienne du lat. « ponere », à savoir pondre (déposer ses œufs sur le sol, dans un nid), la pondaison, pondeur, plus souvent au fém. quand il s’agit de la poule, le pondoir, la ponte, ponter (dans certains jeux, miser de l’argent contre la banque, à partir d’un sens de « ponere » déjà présent en lat., déposer de l’argent).
Restent de nombreuses sous-familles de mots forgés sur poser, avec des suffixes mais surtout des préfixes divers. C’est le cas de composer, avec le composant, la composante, composite, le compositeur, la composition, décomposable, décomposer, la décomposition, composé, la composée, recomposer, la recomposition, surcomposé.
C’est le cas de disposer, avec le dispositif, la disposition, disposé, dispos, prédisposer, la prédisposition, indisposer, l’indisposition, indisposé.
C’est le cas d’exposer, avec l’exposant, exposé, surexposer, la surexposition, l’exposition, ou d’antéposer, avec l’antéposition, ou d’apposer, avec l’apposition, ou d’interposer, avec l’interposition. Sur le composé supposer, on a la supposition, le suppositoire, supposé, le suppôt, présupposer, la présupposition, le présupposé. Sur juxtaposer, on a la juxtaposition. Sur entreposer, on a par ex. l’entreposage, l’entrepôt. Sur préposer, on a par ex. la préposition, prépositionnel, le préposé. Sur superposer, on a la superposition. Sur transposer, on relève transposable, la transposition et en math. la transposée.
Sur proposer (poser devant, avec spécialisation de la sous-famille dans la communication), on relève l’avant-propos, le propos, proposable, la proposition, propositionnel, l’à-propos (subst.) et la loc. adv. à propos de. Et enfin, sur postposer, on relève la postposition.
Complément
Vient du grec : la ménopause.
Au sens d’« établir un pont sur un navire », ou de « réaliser un pontage en chirurgie », ponter appartient à la famille de pont.
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Abréviations et conventions concernant la langue :
abr. |
abréviation |
adj. |
adjectif |
adv. |
adverbe |
a. fr. |
ancien français |
c.-à-d. |
c’est-à-dire |
cf. |
confer |
ex. |
exemple |
fam. |
familier |
fém. |
féminin |
hyb. |
hybride |
id. |
idem, pareillement |
loc. |
locution |
masc. |
masculin |
neut. |
neutre |
part. |
participe |
p.-ê. |
peut-être |
plur. |
pluriel |
pop. |
populaire |
préf. |
préfixe |
prép. |
préposition |
pron. |
pronom |
rac. |
racine |
rad. |
radical |
sing. |
singulier |
subst. |
substantif |
suff. |
suffixe |
vb |
verbe |
Abréviations et conventions concernant le latin :
bas lat. |
bas latin (à partir du IIIe siècle de notre ère) |
lat. |
latin classique |
lat. ecclés. |
latin ecclésiastique (langue des auteurs chrétiens à partir de la fin de l’Empire) |
lat. imp. |
latin impérial (à partir de la fin du 1er siècle de notre ère) |
lat. méd. |
latin médiéval (à partir du VIIe siècle de notre ère, langue écrite) |
lat. pop. |
latin populaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1) |
lat. vulg. |
latin vulgaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1) |
grom |
gallo-roman = latin parlé au Moyen Âge |
lat. bot. |
latin des botanistes |
Abréviations et conventions concernant les autres langues :
alld. |
mot directement emprunté à l’allemand, mais d’origine latine |
als. |
mot directement emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine |
angl. |
mot directement emprunté à l’anglais, mais d’origine latine |
ara. |
mot directement emprunté à l’arabe, mais d’origine latine |
bre. |
mot directement emprunté au breton, mais d’origine latine |
celt. |
mot directement emprunté au celtique, mais d’origine latine |
esp. |
mot directement emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine |
fran. |
mot directement emprunté au francique, mais d’origine latine |
germ. |
mot directement emprunté au germanique, mais d’origine latine |
it. |
mot directement emprunté à l’italien, mais d’origine latine |
occ. |
mot directement emprunté à l’occitan, mais d’origine latine |
piém. |
mot directement emprunté au piémontais, mais d’origine latine |
port. |
mot directement emprunté au portugais, mais d’origine latine |
prov. |
mot directement emprunté au provençal, mais d’origine latine |
< alld. |
mot emprunté à l’allemand, mais d’origine latine |
< als. |
mot emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine |
< angl. |
mot emprunté à l’anglais, mais d’origine latine |
< ara. |
mot emprunté à l’arabe, mais d’origine latine |
< bre. |
mot emprunté au breton, mais d’origine latine |
< celt. |
mot emprunté au celtique, mais d’origine latine |
< esp. |
mot emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine |
< fran. |
mot emprunté au francique, mais d’origine latine |
< germ. |
mot emprunté au germanique, mais d’origine latine |
< it. |
mot emprunté à l’italien, mais d’origine latine |
< occ. |
mot emprunté à l’occitan, mais d’origine latine |
< piém. |
mot emprunté au piémontais, mais d’origine latine |
< port. |
mot emprunté au portugais, mais d’origine latine |
< prov. |
mot emprunté au provençal, mais d’origine latine |
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|
i.-e. |
indo-européen |
arg. |
argot |
arc. |
archaïque |