Retour à la liste des familles
PENSER
Poésie
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
Stéphane Mallarmé, Poésies, Brise marine
Étymologie
Penser < lat. pensare = peser, peser le pour et le contre, payer < pendere = être suspendu à, être pendant, peser (un certain poids), dépendre de, être interrompu U pondus = le poids U pensum = le poids de laine que l’esclave devait filer par jour, la tâche, la fonction
Domaines
Les quatre éléments : contrepente, pendage, pente, pentu
La faune et la flore : pensée, suspenseur
Le corps : appendice, staturo-pondéral, surpoids
L’habitat : appentis, dépendance, penderie, soupente
Le travail manuel : appendre, appesantir, appesantissement, compensable, compensateur, compensation, compensatoire, compenser, contrepoids, dépendre, dispensateur, dispensation, pansage, panser, penchement, pencher, pendant, pendeloque, pendentif, pendeur, pendiller, pendillon, pendoir, pendouiller, pendre, pendu, pendulaire, pendule (la), pendule (le), penduler, pendulette, pendulier, penture, pesage, pesant, pèse-bébé, pesée, pèse-lettre, pèse-personne, peser, pesette, peseur, peson, poêle (le), remonte-pente, rependre, soupeser, suspendre, suspendu, suspenseur, suspension, suspente
Les sentiments : bien-pensant, dépendeur, guet-apens, penchant, pendable, pendard, pesamment, pesant, peser, pondération, pondéré, pondérer, prépondérance, prépondérant, propension, récompense, récompenser, suspense (ang.), vilipender
La communication : compendieusement, compendieux, compendium (lat.), compensé, pense-bête, suspension
La spatialité : demi-pension, demi-pensionnaire, pension, pensionnaire, pensionnat
La temporalité : pendant, suspendre, suspendu, suspens, suspensif, suspension
La spiritualité : libre-pensée, libre-penseur, libre penseur, suspens, suspense (ang.)
Le travail intellectuel : arrière-pensée, cependant, impensable, impondérabilité, impondérable, maître-penseur, pensable, pensant, pensée, pensement (arc.), penseur, pensif, pensivement, perpendiculaire, perpendiculairement, perpendicularité, repenser
La physique : apesanteur, pendulaire, pesanteur, pèse-acide, pèse-alcool (hyb.), poids, pondérable, pondéral, pondérateur, pondéreux
La politique : indépendantisme, indépendantiste
L’économie : compensable, compensation, compensatoire, compenser, dépens, dépense, dépenser, dépensier, dispendieusement, dispendieux, pension, pensionné, pensionner, stipendiaire, stipendié, stipendier, surcompensation
La justice : dépendance, dépendant, dépendre, dépens, dispensable, dispense, dispenser, indépendamment, indépendance, indépendant, indispensable, interdépendance, interdépendant, pendable, pendaison, pendeur, pendu, pensum
La médecine : appendicectomie (hyb.), appendicite (hyb.), appendiculaire, compensé, décompensation, décompensé, dépendance, dépendant, dispensaire (< ang.), insulinodépendance, pansement, panser, surcompensation, suspensoir
Les loisirs : parapente
On peut aborder la famille de penser par le pensum, en lat. le poids de laine que l’esclave devait filer par jour, puis la tâche, la fonction, et aujourd’hui le travail intellectuel pénible, ennuyeux, le devoir supplémentaire imposé à un élève comme punition. La nuance associée à ce pensum est donc celle de peser. C’est en fait la nuance fondamentale de la famille Cette nuance est très présente dans la famille de penser, par ex. dans l’apesanteur, appesantir, le contrepoids, impondérable, le pesage, pesamment, pesant, la pesanteur, la pesette (petite balance de précision), le peson (sorte de balance), la pesée, le poids, pondéral, la pondération, pondérer, le pèse-acide, le pèse-bébé, le pèse-lettre, le pèse-personne, soupeser, le surpoids, prépondérant… À la nuance de peser, on peut associer la sous-famille de dispenser. Dispenser, c’est étymologiquement peser (« -penser ») en répartissant (« dis- »), d’où « répartir », « distribuer ».
De cette idée, on passe à celle d’« accorder une permission, une autorisation », tantôt « permettre de faire quelque chose qui est défendu », mais cet emploi est devenu rare, tantôt « permettre de ne pas faire quelque chose ». De là la dispense, la dispensation, indispensable, le dispensateur (au sens positif, celui qui répartit), le dispensaire (établissement de soins médicaux qui y sont donc dispensés, c’est-à-dire distribués).
Par ailleurs, ce qui est pesant a tendance à pendre, pesanteur oblige, ou à pencher, d’où, au sens premier ou au sens figuré, certains termes comme la dépendance, dépendre, pendable, la pendaison, le pendant, pendard, la pendeloque, le pendentif, la penderie, pendiller, pendouiller, (le) pendu, pendulaire, penduler, la pendulette, la pendule, le pendule, la soupente, suspendre.
On peut ajouter le suspens, le suspense, suspensif, la suspension, l’indépendance, indépendant, l’indépendantiste, le parapente, le penchant, pencher, la pente, le remonte-pente, la propension, perpendiculaire, la perpendicularité, appendre (suspendre un drapeau, un ex-voto), un appentis (toit à une seule pente, dont le faîte s’appuie à un mur, petit bâtiment adossé à un grand), cependant (littéralement « cela étant pendant », en suspens).
Un appendice est un élément, un sous-ensemble, une partie ajoutée à une plus grande, en particulier en anatomie, d’où l’appendicectomie, l’appendicite. Le mot poêle, au masc., au sens d’appareil de chauffage, est l’évolution d’une expression latine, « balnea pensilia », ou « balneae pensiles », qui désignait des bains construits sur des voûtes et chauffés par-dessous. C’est par un sens évolué de « suspensio », la voûte, que l’adj. « pensilis » s’est développé avec ce sens de suspendu, devenu ensuite le subst. poêle. La voûte est perçue comme un élément architectural suspendu. Les bains suspendus sont donc des bains construits sur des voûtes et chauffés par-dessous.
« Peser le pour et le contre avant de prendre une décision » peut se dire penser. Cette nuance est illustrée par des termes comme (le) bien-pensant, impensable, le pense-bête, le penseur, pensif, la pensée (la réflexion et la fleur qui est considérée comme l’emblème du souvenir), le libre-penseur, la libre-pensée, le maître-penseur, pensivement, le guet-apens (avec « guet » qui vient, comme « guetter », du fran., et « apens » de l’a. fr. apenser signifiant « former un projet », « préméditer »), vilipender (traiter avec mépris, à partir de « vili- » au sens de « vil », et de « -pender » au sens de penser, « estimer »). Les formes panser, le pansement et le pansage présentent quant à elles juste une variante orthographique pour penser. L’idée est que, pour panser une plaie (d’où le pansement) ou un cheval (d’où le pansage), il faut d’abord y penser, accorder une concentration et un soin particuliers à la réalisation de cette action.
Sur l’idée de peser se développe la nuance de « contrebalancer », de « payer », avec des termes comme compensable, compensateur, la compensation, compenser, compensé, dispendieux, les dépens, la dépense, dépenser, dépensier, pensionner, la récompense, récompenser, la pension (somme versée pour l’entretien d’un enfant, pour rétribuer d’anciens services, au sens de retraite, pour être nourri, logé, d’où le fait d’être logé, nourri, et l’établissement qui propose la pension), le pensionnaire, le pensionnat, la décompensation.
On peut ajouter le terme stipendiaire (celui qui est à la solde, celui qui paie un tribut, à partir du lat. « stips », « la pièce de monnaie », et « pendere » au sens de « payer »), stipendier (avoir à sa solde), stipendié (qui est payé pour accomplir une action, d’où corrompu).
Pour finir, compendieux signifie « qui s’exprime en peu de mots », « bref », « concis », à partir de « cum- » devenu « com- » au sens évolué de « concerté », « réfléchi », et de « -pend- », rad. de « pendere », signifiant « payer ». De l’idée de « ne payer que ce qui est nécessaire », on est passé à « économiser », puis à « économiser les mots ». Le terme compendium, pris directement au lat., signifie « le résumé », « l’abrégé ».
Complément
Au sens de « manteau », le mot poêle (masc.) appartient à la famille de pallier.
Quand, au fém., le terme « poêle »désigne un ustensile de cuisine, il appartient à la famille de palier.
Masquer les abréviations
Afficher les abréviations
Abréviations et conventions concernant la langue :
abr. |
abréviation |
adj. |
adjectif |
adv. |
adverbe |
a. fr. |
ancien français |
c.-à-d. |
c’est-à-dire |
cf. |
confer |
ex. |
exemple |
fam. |
familier |
fém. |
féminin |
hyb. |
hybride |
id. |
idem, pareillement |
loc. |
locution |
masc. |
masculin |
neut. |
neutre |
part. |
participe |
p.-ê. |
peut-être |
plur. |
pluriel |
pop. |
populaire |
préf. |
préfixe |
prép. |
préposition |
pron. |
pronom |
rac. |
racine |
rad. |
radical |
sing. |
singulier |
subst. |
substantif |
suff. |
suffixe |
vb |
verbe |
Abréviations et conventions concernant le latin :
bas lat. |
bas latin (à partir du IIIe siècle de notre ère) |
lat. |
latin classique |
lat. ecclés. |
latin ecclésiastique (langue des auteurs chrétiens à partir de la fin de l’Empire) |
lat. imp. |
latin impérial (à partir de la fin du 1er siècle de notre ère) |
lat. méd. |
latin médiéval (à partir du VIIe siècle de notre ère, langue écrite) |
lat. pop. |
latin populaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1) |
lat. vulg. |
latin vulgaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1) |
grom |
gallo-roman = latin parlé au Moyen Âge |
lat. bot. |
latin des botanistes |
Abréviations et conventions concernant les autres langues :
alld. |
mot directement emprunté à l’allemand, mais d’origine latine |
als. |
mot directement emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine |
angl. |
mot directement emprunté à l’anglais, mais d’origine latine |
ara. |
mot directement emprunté à l’arabe, mais d’origine latine |
bre. |
mot directement emprunté au breton, mais d’origine latine |
celt. |
mot directement emprunté au celtique, mais d’origine latine |
esp. |
mot directement emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine |
fran. |
mot directement emprunté au francique, mais d’origine latine |
germ. |
mot directement emprunté au germanique, mais d’origine latine |
it. |
mot directement emprunté à l’italien, mais d’origine latine |
occ. |
mot directement emprunté à l’occitan, mais d’origine latine |
piém. |
mot directement emprunté au piémontais, mais d’origine latine |
port. |
mot directement emprunté au portugais, mais d’origine latine |
prov. |
mot directement emprunté au provençal, mais d’origine latine |
< alld. |
mot emprunté à l’allemand, mais d’origine latine |
< als. |
mot emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine |
< angl. |
mot emprunté à l’anglais, mais d’origine latine |
< ara. |
mot emprunté à l’arabe, mais d’origine latine |
< bre. |
mot emprunté au breton, mais d’origine latine |
< celt. |
mot emprunté au celtique, mais d’origine latine |
< esp. |
mot emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine |
< fran. |
mot emprunté au francique, mais d’origine latine |
< germ. |
mot emprunté au germanique, mais d’origine latine |
< it. |
mot emprunté à l’italien, mais d’origine latine |
< occ. |
mot emprunté à l’occitan, mais d’origine latine |
< piém. |
mot emprunté au piémontais, mais d’origine latine |
< port. |
mot emprunté au portugais, mais d’origine latine |
< prov. |
mot emprunté au provençal, mais d’origine latine |
|
|
i.-e. |
indo-européen |
arg. |
argot |
arc. |
archaïque |