Retour à la liste des familles
MÉDIANE
Poésie
Est-ce qu’on fait des vers avec l’actualité immédiate ?
Poète, est-ce ton rôle de témoigner pour le feu qui naît ?
Jacques Bertin, À Besançon
Étymologie
Médiane < lat. mediana (fém. de medianus) = du milieu < rac. i.-e. *med-y- qui signifie qui est au milieu
Domaines
Les groupes humains : demi-frère, demi-sœur
Le corps : à mi-jambe, demi-portion, maille, médianoche (< esp.), médius (lat.), médullaire, médulleux, méridienne, mimolette, mitaine, moelle, moelleusement, moelleux
L’habitat : meneau, mezzanine (< it.)
Le travail manuel : demi-tige, emmitoufler, mèche (< it.), médaille (< it.), médaillé (< it.), médailler (< it.), médailleur (< it.), médaillier (< it.), médailliste (< it.), médaillon (< it.), médiator, métairie, métayage, métayer, mi-clos, mi-parti, misaine
Les arts : demi-queue, demi-soupir, demi-ton, intermède (< it.), intermezzo (it.), médiante, médium (lat.), mezza voce (it.), mezzo (it.), mezzo-soprano (it.)
Les sentiments : demi-mal, demi-mondaine, demi-monde, intermédiaire, intermédiation, midinette
La communication : à demi-mot, à mi-voix, média (< abr.), médiat, médiateur, médiathèque (hyb.), médiation, médiatique, médiatiser, multimédia
La spatialité : à mi-chemin, à mi-corps, à mi-côte, à mi-course, demi-pension, demi-pensionnaire, demi-tour, emmi, médian, Méditerranée, méditerranée, méditerranéen, méridional, milieu, mitan, mitoyen, mitoyenneté, moitié, moyen, moyen-courrier, parmi
La temporalité : après-midi, demi-heure, demi-journée, demi-vie, immédiat, immédiatement, immédiateté, médiéval, médiévisme, médiéviste, midi, minuit, moyenâgeux, Moyen Âge
La spiritualité : demi-dieu, médium (lat.), médiumnique, médiumnité
Le travail intellectuel : demi, demi-cercle, demi-douzaine, demi-droite, demie, demi-lune, demi-setier, médiale, médian, médiatrice, médiété, médiocratie (hyb.), médiocre, médiocrement, médiocrité, méridien, méridienne, mi, moyennant, moyenne, moyennement, moyenner
La physique : demi-jour, demi-teinte
La politique : demi-mesure, médiocratie (hyb.)
L’économie : demi-gros, demi-tarif, moyens
La médecine : migraine (hyb.)
L’armée : demi-solde
Les loisirs : demi-finale, demi-finaliste, demi-fond, demi-volée, mi-lourd, mi-moyen, mi-temps
Les indo-européens ne faisaient sans doute pas la différence entre la moyenne et la médiane ! La notion de milieu peut d’abord s’appliquer à l’espace, avec des termes comme le demi-tour, à mi-chemin, à mi-côte, mi-clos, le milieu, la méditerranée, méditerranéen, le médius.
Elle peut s’appliquer au temps, avec, par ex., le Moyen Âge, moyenâgeux, l’après-midi, la demi-heure, la demi-journée, la demi-vie, la mi-temps, midi, la demie, la midinette, minuit, le médianoche…
La notion de milieu, de moitié, peut aussi s’appliquer à toutes sortes d’autres valeurs, quantifiables ou non, dans des termes qui commencent souvent par « demi- », ou « mi- ». On peut citer le demi, la demi-douzaine, la maille (qui vaut un demi-denier), à demi-mot, à mi-corps, à mi-course, à mi-voix, la moitié, la médiale (en statistique), la médiatrice (en mathématique), la médiane (en mathématique et en statistique), la médiante (en musique), la moyenne, etc.
Il est plus intéressant de s’arrêter quelques instants sur quelques termes où la notion de milieu n’est pas directement perceptible. C’est d’abord le cas de la préposition emmi, au milieu de, désuète et archaïque à souhait, mais si douce à l’oreille ! Emmitoufler, à partir de l’a. fr. « mitouflé », signifiant « qui porte des mitaines », c’est envelopper douillettement dans des vêtements chauds. Le mot mitaine, quant à lui, présent parfois sous la forme mite en Bourgogne, désigne un gant particulier. La syllabe « mi- » représente assurément la rac. de médiane, avec deux explications possibles, complémentaires plus que contradictoires. La mitaine est un gant qui divise les doigts en deux parties, le pouce d’un côté, les quatre autres doigts de l’autre. C’est aussi parfois un demi-gant de femme, qui laisse les doigts découverts pour les travaux de couture.
L’étymologie du mot mitan, le milieu, la moitié, est très discutée, mais son appartenance à la famille de médiane assurée. Quelque chose d’immédiat existe sans que (im-) quoi que ce soit ne s’interpose (-médiat), en particulier dans le temps. L’intermède est littéralement ce qui est placé entre, au milieu (-mède) de deux éléments, entre (inter-) ces deux éléments. Le terme désigne souvent un divertissement entre les actes d’une pièce de théâtre. Le mot intermezzo est la forme italienne du mot intermède, et désigne un divertissement musical intercalé entre deux parties d’une œuvre théâtrale.
En architecture, le meneau est un montant fixe divisant une baie en compartiments que des croisillons peuvent à leur tour diviser horizontalement. La mezzanine, quant à elle, est un niveau intermédiaire (« mezzano » signifie moyen en it.) ménagé dans une pièce haute de plafond. Sur le même adj. it. « mezzano », mais au fém., on a formé la misaine, le mât de misaine étant situé sur le navire entre le grand mât et le beaupré.
Sur l’adj. moyen, situé à mi-chemin entre deux extrêmes, on a développé l’idée d’intermédiaire, d’où le subst. moyen. Le moyen est ce qui sert pour parvenir à un but. L’ensemble des éléments, incluant souvent l’argent, qui servent pour atteindre ce but s’est énoncé par le même mot au plur., les moyens. Le mot mèche, ici, est celui qu’on rencontre dans l’expression « être de mèche avec quelqu’un ». Il s’agit, dans des contrats un peu troubles, d’être de moitié dans le partage des bénéfices. C’est sur maille que le mot médaille a été construit. La médaille fut d’abord une monnaie valant, comme la maille, un demi-denier, avant de devenir une pièce de métal, de valeur variable, donnée en récompense. Si la qualification de médiocre est aujourd’hui dépréciative, d’où la médiocrité, l’adj. a étymologiquement le sens de moyen. En philosophie, et plus particulièrement chez Aristote, la médiété est le degré maximal qu’on peut atteindre sans tomber dans l’excès ou l’hybris. C’est le degré, de sagesse par ex., qui caractérise la vertu.
Le médium, lui, est une sorte d’interface, d’intermédiaire entre les vivants et les morts. À la campagne, le métayer laissait la moitié de la récolte au propriétaire. De là la métairie et le métayage. Le médiator est, comme le plectre, un accessoire que l’on tient entre le pouce et l’index pour jouer de certains instruments à cordes. Il est doublement intermédiaire : entre le pouce et l’index, et surtout entre la main et l’instrument.
Le terme méridien s’emploie quant à lui comme adj. et comme subst. « Le méridien est ainsi nommé (Littré) parce que, lorsque le soleil parvient à ce point du ciel, il est midi dans tous les endroits de la terre qui sont sous le même méridien. » Étymologiquement, le mot méridien signifie le milieu (« médi- » devenu « méri- ») du jour (« -dien », à partir de « dies », le jour). Comme adj., méridien s’emploie pour qualifier un plan qui, en un lieu, comprend la verticale de ce lieu et l’axe du monde. Le terme méridienne illustre, lui, l’heure de midi, et celles qui suivent : il s’agit d’un synonyme du mot « sieste » et du lit de repos à deux chevets de hauteur inégale réunis par un dossier sur une partie de la longueur, d’un seul côté. L’adj. méridional, quant à lui, désigne le midi de la France ou toute région située au sud d’une contrée.
Pour trouver la moelle, il faut atteindre le milieu de certains os. De là médullaire, médulleux et moelleux, littéralement doux comme la moelle. Une dernière douceur : la mimolette qui est étymologiquement un fromage à moitié (« mi- ») un peu mou (« -molette »), autant dire pas trop dur…
Complément
Viennent du grec des termes composés commençant par « méso- », comme mésolithique, mésopotamien, la mésothérapie.
Quand le mot mèche a le sens de « morve » ou de « touffe de cheveux » ou de « cordelette tressée ou non en lien avec la mise à feu ou l’éclairage », il appartient à la famille de moisir.
Quand le mot maille ne signifie pas « demi-denier », il constitue une entrée spécifique.
Masquer les abréviations
Afficher les abréviations
Abréviations et conventions concernant la langue :
abr. |
abréviation |
adj. |
adjectif |
adv. |
adverbe |
a. fr. |
ancien français |
c.-à-d. |
c’est-à-dire |
cf. |
confer |
ex. |
exemple |
fam. |
familier |
fém. |
féminin |
hyb. |
hybride |
id. |
idem, pareillement |
loc. |
locution |
masc. |
masculin |
neut. |
neutre |
part. |
participe |
p.-ê. |
peut-être |
plur. |
pluriel |
pop. |
populaire |
préf. |
préfixe |
prép. |
préposition |
pron. |
pronom |
rac. |
racine |
rad. |
radical |
sing. |
singulier |
subst. |
substantif |
suff. |
suffixe |
vb |
verbe |
Abréviations et conventions concernant le latin :
bas lat. |
bas latin (à partir du IIIe siècle de notre ère) |
lat. |
latin classique |
lat. ecclés. |
latin ecclésiastique (langue des auteurs chrétiens à partir de la fin de l’Empire) |
lat. imp. |
latin impérial (à partir de la fin du 1er siècle de notre ère) |
lat. méd. |
latin médiéval (à partir du VIIe siècle de notre ère, langue écrite) |
lat. pop. |
latin populaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1) |
lat. vulg. |
latin vulgaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1) |
grom |
gallo-roman = latin parlé au Moyen Âge |
lat. bot. |
latin des botanistes |
Abréviations et conventions concernant les autres langues :
alld. |
mot directement emprunté à l’allemand, mais d’origine latine |
als. |
mot directement emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine |
angl. |
mot directement emprunté à l’anglais, mais d’origine latine |
ara. |
mot directement emprunté à l’arabe, mais d’origine latine |
bre. |
mot directement emprunté au breton, mais d’origine latine |
celt. |
mot directement emprunté au celtique, mais d’origine latine |
esp. |
mot directement emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine |
fran. |
mot directement emprunté au francique, mais d’origine latine |
germ. |
mot directement emprunté au germanique, mais d’origine latine |
it. |
mot directement emprunté à l’italien, mais d’origine latine |
occ. |
mot directement emprunté à l’occitan, mais d’origine latine |
piém. |
mot directement emprunté au piémontais, mais d’origine latine |
port. |
mot directement emprunté au portugais, mais d’origine latine |
prov. |
mot directement emprunté au provençal, mais d’origine latine |
< alld. |
mot emprunté à l’allemand, mais d’origine latine |
< als. |
mot emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine |
< angl. |
mot emprunté à l’anglais, mais d’origine latine |
< ara. |
mot emprunté à l’arabe, mais d’origine latine |
< bre. |
mot emprunté au breton, mais d’origine latine |
< celt. |
mot emprunté au celtique, mais d’origine latine |
< esp. |
mot emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine |
< fran. |
mot emprunté au francique, mais d’origine latine |
< germ. |
mot emprunté au germanique, mais d’origine latine |
< it. |
mot emprunté à l’italien, mais d’origine latine |
< occ. |
mot emprunté à l’occitan, mais d’origine latine |
< piém. |
mot emprunté au piémontais, mais d’origine latine |
< port. |
mot emprunté au portugais, mais d’origine latine |
< prov. |
mot emprunté au provençal, mais d’origine latine |
|
|
i.-e. |
indo-européen |
arg. |
argot |
arc. |
archaïque |