La Chair des mots

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ROUE

Poésie

Est-ce qu’on fait des vers avec l’actualité immédiate ?
Poète, est-ce ton rôle de témoigner pour le feu qui naît ?

Jacques Bertin, À Besançon

Étymologie

Roue < lat. rota = la roue < rac. i.-e. (H)roth- (rot- en lat.). Le sanscrit ratha, du rad. ri-, signifiealler, se déplacer.

Domaines

Les quatre éléments : roillée, roiller
La faune et la flore : rotacé, rotifère
Le corps : rondelet, rondeur, rondouillard, rotateur, rotondité, rotule, rotulien, rouelle, roulade, roulé, roulé-boulé
L’habitat : rotonde (< it.)
Le travail manuel : antiroulis, arrondi, arrondir, brouette, brouettée, brouetter, déroulage, déroulement, dérouler, dérouleur, dérouleuse, deux-roues, enroulable, enroulement, enrouler, enrouleur, éraillement, érailler, éraillure, quart-de-rond, rôdailler, rôder, rôdeur, rognage, rogner, rogneur, rognoir, rognure, rond, rond-de-cuir, rondelle, rondin, rond-point, rotary (ang.), rotateur, rotatif, rotation, rotatoire, rotondité, rotor, rouage, rouet, roulage, roulant, roule, roulé, rouleau, rouleauté, roulement, rouler, roulette, rouleur, rouleuse, roulier, roulis, rouloir, roulotte, roulotté, roulotter
Les arts : rôle, rôle-titre, ronde, rondeau, ronde-bosse, rondel
Les sentiments : roué, rouerie, roulure
La communication : arobase, ronéo, rotative, rotativiste
La temporalité : déroulement, rondement
La spiritualité : rote
Le travail intellectuel : arrondi, arrondir
La politique : arrondissement, contrôlabilité, contrôlable, contrôle, contrôler, contrôleur, enrôlement, enrôler, enrôleur, incontrôlable, incontrôlé
La justice : rôle, rouer
L’armée : enrôlé, enrôlement, enrôler, enrôleur, roulante
Les loisirs : farandole (< prov.), rodéo (esp.), ronde, roulade, round (ang.)

Commentaire

La roue est utile pour se déplacer, nous apprend le sanscrit. Et ce sens premier est encore très présent, de la brouette (qui devrait toujours - étymologie oblige - être équipée de deux roues) au dérouleur et à l’enrouleur, du rouet à la roulade, de l'adj. rotacé (en forme de roue, en botanique) au rotor. Les rotifères sont de minuscules invertébrés aquatiques.
La rouelle est une tranche d’un muscle arrondi, comme le jarret. La rote est un tribunal religieux, catholique, spécialisé dans les affaires matrimoniales. Cette « juridiction a été créée en 1331 par le pape Jean XXII à Avignon, nous apprend CNRTL, et a pris par la suite le nom de « rota », du lat. « rota », roue, parce que les juges s’installaient pour siéger sur un banc circulaire ».
Le terme rouleuse désigne une chenille qui enroule la feuille où elle se niche, et, comme synonyme de roulure, une prostituée. Le terme roulotte a d’abord désigné une charrue munie d’une roue, puis le véhicule tracté servant d’habitation. Le verbe rôder signifie « tourner », « faire des rondes ». Le roule est un cylindre de bois dur qui sert à déplacer des charges très lourdes, comme un bloc de pierre de taille.
Une roulante désigne une cuisine itinérante, en particulier dans l’infanterie. Un roulant est quelqu’un que son métier amène à circuler (routier, mécanicien à la SNCF par ex.).
Le mouvement circulaire (sans déplacement d’un lieu à un autre, sur le plan vertical ou horizontal) se retrouve dans la rotation, la rotative, [le muscle] rotateur, le rotor, la ronéo, la farandole, le rodéo, la ronde (patrouille et danse, le sens de « patrouille » étant par ex. illustré par la nouvelle La Ronde, de J.-M. G. Le Clézio, dans le recueil La ronde et autres faits divers), la rotule, le rouage. On peut ajouter le régionalisme roiller qui signifie en Suisse « pleuvoir à verse ». On parvient à ce sens par un autre sens de roiller, rencontré en particulier en Languedoc, qui y signifie « regarder tout autour de soi avec un air mauvais », d’où le passage à l’acte : « agresser quelqu’un », le rouer de coups. Comme une forte averse vous tombe dessus à la manière d’une agression, roiller a fini par signifier « pleuvoir », et tout naturellement, une roillée est une forte averse.
Le verbe rouer a d’abord signifié « faire subir le supplice de la roue ». Aujourd’hui, on se contente de frapper fort ! Au sens figuré, roué signifie « exténué », comme si l’on avait subi le supplice de la roue. Sous la Régence du duc d’Orléans, les compagnons de débauche étaient appelés les roués car ils auraient mérité le supplice de la roue. Celui qui mériterait le supplice de la roue est habile, malhonnête, rusé, sans scrupule : c’est l’autre sens de roué.
Le pigeon rouleur oriental n’est pas un roué. Originaire de l’Inde, il est réputé pour ses acrobaties aériennes. Et le roulis est un mouvement d’oscillation d’un bateau d’un bord sur l’autre. La rondelle, par ailleurs, est une petite roue, mais le terme renvoie aussi à la forme arrondie, comme le rond, l’arrondissement, la ronde (type d’écriture, note de musique, espace qui entoure, dans l’expression « à la ronde », pommes de terre en robe des champs, en Suisse), le rondeau et le rondel (poésie et musique), le rondo (musique), rondelet, la rondeur, le rondin, rondouillard, la rotonde.
Le terme arobase est intéressant : ce caractère est la transcription, rappelle Jacqueline Picoche, de la préposition latine « ad (vers, en direction de) ». « Son nom, dû aux imprimeurs français, est issu de "a rond de casse", c’est-à-dire "en minuscules" ».
Rogner, c’est étymologiquement « couper en rond », arrondir.
Le mot rôle renvoie, lui, à un rouleau comportant de l’écrit, en particulier le texte que les acteurs devaient apprendre. Enrôler, c’est donc inscrire sur un rôle. Le contrôle est quant à lui un rôle, un registre tenu en face (contre) d’un premier rôle, pour vérification.
Le roulé est un gâteau dont la pâte, dès qu’elle est cuite, est couverte de confiture et roulée en forme de bûche. Le rouloir servait autrefois à rouler les bougies et les cierges. Le verbe érailler, enfin, a d’abord signifié « rouler des yeux » (un peu comme roiller). Il a ensuite subi l’influence de rayer (cf. l'entrée rayon), et signifie « déchirer superficiellement » (il est proche alors, sémantiquement, de rogner), et en particulier « rendre [la voix] rauque ».

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Abréviations et conventions concernant la langue :

abr. abréviation
adj. adjectif
adv. adverbe
a. fr. ancien français
c.-à-d. c’est-à-dire
cf. confer
ex. exemple
fam. familier
fém. féminin
hyb. hybride
id. idem, pareillement
loc. locution
masc. masculin
neut. neutre
part. participe
p.-ê. peut-être
plur. pluriel
pop. populaire
préf. préfixe
prép. préposition
pron. pronom
rac. racine
rad. radical
sing. singulier
subst. substantif
suff. suffixe
vb verbe


Abréviations et conventions concernant le latin :

bas lat. bas latin (à partir du IIIe siècle de notre ère)
lat. latin classique
lat. ecclés. latin ecclésiastique (langue des auteurs chrétiens à partir de la fin de l’Empire)
lat. imp. latin impérial (à partir de la fin du 1er siècle de notre ère)
lat. méd. latin médiéval (à partir du VIIe siècle de notre ère, langue écrite)
lat. pop. latin populaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1)
lat. vulg. latin vulgaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1)
grom gallo-roman = latin parlé au Moyen Âge
lat. bot. latin des botanistes


Abréviations et conventions concernant les autres langues :

alld. mot directement emprunté à l’allemand, mais d’origine latine
als. mot directement emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine
angl. mot directement emprunté à l’anglais, mais d’origine latine
ara. mot directement emprunté à l’arabe, mais d’origine latine
bre. mot directement emprunté au breton, mais d’origine latine
celt. mot directement emprunté au celtique, mais d’origine latine
esp. mot directement emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine
fran. mot directement emprunté au francique, mais d’origine latine
germ. mot directement emprunté au germanique, mais d’origine latine
it. mot directement emprunté à l’italien, mais d’origine latine
occ. mot directement emprunté à l’occitan, mais d’origine latine
piém. mot directement emprunté au piémontais, mais d’origine latine
port. mot directement emprunté au portugais, mais d’origine latine
prov. mot directement emprunté au provençal, mais d’origine latine

< alld. mot emprunté à l’allemand, mais d’origine latine
< als. mot emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine
< angl. mot emprunté à l’anglais, mais d’origine latine
< ara. mot emprunté à l’arabe, mais d’origine latine
< bre. mot emprunté au breton, mais d’origine latine
< celt. mot emprunté au celtique, mais d’origine latine
< esp. mot emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine
< fran. mot emprunté au francique, mais d’origine latine
< germ. mot emprunté au germanique, mais d’origine latine
< it. mot emprunté à l’italien, mais d’origine latine
< occ. mot emprunté à l’occitan, mais d’origine latine
< piém. mot emprunté au piémontais, mais d’origine latine
< port. mot emprunté au portugais, mais d’origine latine
< prov. mot emprunté au provençal, mais d’origine latine
i.-e. indo-européen
arg. argot
arc. archaïque