La Chair des mots

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VIVRE

Poésie

Ô douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, L’Ennemi

Étymologie

Vivre < lat. vivere = vivre, être en vie, être animé, subsister, durer, se nourrir de, passer sa vie de telle ou telle manière < rac. gey-H3-w- (*gey-w-) qui signifie vivre

Domaines

Les quatre éléments : vive-eau, zodiacal (< gre.), zodiaque (< gre.)
La faune et la flore : ovovivipare, viander, viandis, vipère, vipereau, vipéreau, vipériau, vipéridé, vipérin, vipérine, vivarium (lat.), vive, vivier
Le corps : in vivo (lat.), ravitaillement, viabilité, viable, viande, victuailles, vivipare, viviparité, vivres, vivrier
L’habitat : vivoir
Le travail manuel : avitaillement, avitailler, avitailleur, avivage, aviver, ravitaillement, ravitailler, ravitailleur, ravivage, raviver, vipérier, vivarium (lat.), vivisection
Les arts : vivace
Les sentiments : bon vivant, convive, convivial, convivialité, invivable, modus vivendi (lat.), qui-vive, revitalisation, revitaliser, revivification, revivifier, revivre, savoir-vivre, vie, vif, vitalité, vivable, vivacité, vivant, viveur, vivifiant, vivificateur, vivification, vivifier
La communication : C.V., curriculum vitae, vivat (lat.), vive  !
La spatialité : vécu, vie, vif, vital, vitalisme, vitaliste, vitalité, vivable, vivant, vivoter
La temporalité : ad vitam aeternam (lat.), survie, survivance, survivant, survivre, vivace, vivement
La spiritualité : cénobite (< gre.), revival (ang.), Vouivre, vouivre
Le travail intellectuel : reviviscence, reviviscent, revivre, vie, vivacité, vivement
La physique : demi-vie, provitamine, reviviscence, reviviscent, vif-argent
La justice : viager
La médecine : avitaminose (hyb.), avivement, aviver, dévitalisation, dévitaliser, dévitaminé, survie, vitamination (< ang.), vitamine (< ang.), vitaminé (< ang.), vitaminique (< ang.), vitaminothérapie (hyb.), vivide, vividité
L’armée : qui-vive, qui vive, ravitaillement, ravitailler, ravitailleur, vivandier
Divers : Vivian, Viviane, Vivien

Commentaire

On pense avant tout, pour cette famille, à l’idée d’être animé, de ne pas être mort, et les termes qui illustrent cet état sont nombreux, sans qu’il soit utile de les lister. Vivre, cependant, c’est aussi subsister, comme le suggèrent survivre ou viable. C’est aussi se nourrir, comme le rappellent le convive, les vivres, la viande, les victuailles, le ravitaillement, le vivandier. Vivre, c’est aussi une façon de se comporter, en particulier avec les autres, comme l’indiquent des termes comme la convivialité, invivable, le viveur. La rac. suggère aussi une certaine force psychique, avec des mots comme la vitalité, la vividité qui désigne la force avec laquelle les images mentales s’imposent à l’esprit.
Les animaux eux aussi vivent, et, même en dehors des mammifères, donnent parfois naissance à des petits déjà formés, comme le suggèrent le terme vipère et, pourquoi pas, la vouivre, avec ou sans [v] majuscule.
Certains termes ne renvoient pas directement au vivant, comme avitailler qui consiste à approvisionner un avion en carburant, un navire en vivres, en matériel. L’avivage rend une couleur plus vive, tandis que l’avivement avive les bords d’une plaie pour faciliter la cicatrisation. On peut aussi aviver une impression, un sentiment. Le terme revival désigne un mouvement du réveil protestant, ou la résurgence d’un mouvement, d’une mode, d’une coutume, d’un style. La reviviscence est quant à elle la réapparition d’états de conscience déjà éprouvés. Le terme viager (adj. ou subst.) est un terme juridique qui implique qu’un droit (un revenu, une rente… ) a cours pendant tout le temps où la personne concernée est vivante. Les vitamines, elles, sont indispensables à la croissance et à la santé d’un organisme. Une plante vivace a une durée de vie qui dépasse l’année de plantation ou de semis, par opposition à une plante annuelle.
La vive est un poisson redouté pour ses épines venimeuses. Au Québec, le terme vivoir désigne la salle de séjour. De son côté, l’interjection « qui vive » (avec ou sans point d’interrogation) est le cri de la sentinelle : quelle que soit la personne qui vit [ici, qu’elle donne son identité, son mot de passe] (vive est ici le subj. de vivre, pour cause d’indétermination). Le mot composé qui-vive, quant à lui, est employé surtout dans l’expression « être sur le qui-vive », c’est-à-dire être sur ses gardes.
Pour finir, quand le cénobite n’est pas un moine qui vit en communauté, c’est un pagure terrestre d’Océanie.
Requiem pour un métier d’autrefois : le vipérier était un chasseur de serpents, et plus particulièrement de vipères. Source : Gérard Boutet, La France en héritage, Perrin, 2007.

Complément

Viennent du grec des mots comme Zoé, l’azote, l’épizootie, la zoologie, le zoo, le protozoaire, amphibie, aérobie, la biologie, (l’)antibiotique, l’antibiogramme, le microbe, la symbiose, l’hygiène, hygiénique, l’hygiéniste.
Quand le terme viabilité renvoie à l’état d’un chemin, il appartient à la famille de voie.

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Abréviations et conventions concernant la langue :

abr. abréviation
adj. adjectif
adv. adverbe
a. fr. ancien français
c.-à-d. c’est-à-dire
cf. confer
ex. exemple
fam. familier
fém. féminin
hyb. hybride
id. idem, pareillement
loc. locution
masc. masculin
neut. neutre
part. participe
p.-ê. peut-être
plur. pluriel
pop. populaire
préf. préfixe
prép. préposition
pron. pronom
rac. racine
rad. radical
sing. singulier
subst. substantif
suff. suffixe
vb verbe


Abréviations et conventions concernant le latin :

bas lat. bas latin (à partir du IIIe siècle de notre ère)
lat. latin classique
lat. ecclés. latin ecclésiastique (langue des auteurs chrétiens à partir de la fin de l’Empire)
lat. imp. latin impérial (à partir de la fin du 1er siècle de notre ère)
lat. méd. latin médiéval (à partir du VIIe siècle de notre ère, langue écrite)
lat. pop. latin populaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1)
lat. vulg. latin vulgaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1)
grom gallo-roman = latin parlé au Moyen Âge
lat. bot. latin des botanistes


Abréviations et conventions concernant les autres langues :

alld. mot directement emprunté à l’allemand, mais d’origine latine
als. mot directement emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine
angl. mot directement emprunté à l’anglais, mais d’origine latine
ara. mot directement emprunté à l’arabe, mais d’origine latine
bre. mot directement emprunté au breton, mais d’origine latine
celt. mot directement emprunté au celtique, mais d’origine latine
esp. mot directement emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine
fran. mot directement emprunté au francique, mais d’origine latine
germ. mot directement emprunté au germanique, mais d’origine latine
it. mot directement emprunté à l’italien, mais d’origine latine
occ. mot directement emprunté à l’occitan, mais d’origine latine
piém. mot directement emprunté au piémontais, mais d’origine latine
port. mot directement emprunté au portugais, mais d’origine latine
prov. mot directement emprunté au provençal, mais d’origine latine

< alld. mot emprunté à l’allemand, mais d’origine latine
< als. mot emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine
< angl. mot emprunté à l’anglais, mais d’origine latine
< ara. mot emprunté à l’arabe, mais d’origine latine
< bre. mot emprunté au breton, mais d’origine latine
< celt. mot emprunté au celtique, mais d’origine latine
< esp. mot emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine
< fran. mot emprunté au francique, mais d’origine latine
< germ. mot emprunté au germanique, mais d’origine latine
< it. mot emprunté à l’italien, mais d’origine latine
< occ. mot emprunté à l’occitan, mais d’origine latine
< piém. mot emprunté au piémontais, mais d’origine latine
< port. mot emprunté au portugais, mais d’origine latine
< prov. mot emprunté au provençal, mais d’origine latine
i.-e. indo-européen
arg. argot
arc. archaïque