La Chair des mots

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SIGNE

Poésie

Résigne-toi, mon cœur ; dors ton sommeil de brute

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Le Goût du néant

Étymologie

Signe < lat. signum = la borne, la marque, l’empreinte, le mot d’ordre, le signal.
De son côté, écarlate (cf. CNRTL) < lat. méd. scarlata (neut. plur. pris pour un fém. sing.) = le drap écarlate (de différentes couleurs éclatantes) < persan saqirlât ou sagirlat ou saqillat ou saqallat et ara. sikirlat ou saqirlat < ara. sigillat ou siqillat = le tissu de laine ou de lin décoré de cachets, de sceaux ou de bagues < gre. méd. sigillatos < lat. sigillatus = orné de sigilla, c’est-à-dire de figurines, de reliefs, ciselé < sigillum = la petite figure, la figurine, la statuette, le cachet, le sceau < signum.

Domaines

La faune et la flore : sceau de Notre-Dame, sceau de Salomon, sceau-de-Salomon, sigillaire
Le travail manuel : descellement, desceller, design (ang.), dessin (< it.), dessinateur (< it.), dessiné (< it.), dessiner (< it.), insigne, redessiner, saintier, scellage, scellement, sceller, sigillé, signal, signet
Les sentiments : assener, asséner, insigne, insignifiance, insignifiant, résignation, résigné, résigner (se), signalé
La communication : consigner, désignation, désigner, enseigne, renseignement, renseigner, signal, signalé, signalement, signaler, signalétique, signaleur, signalisation, signaliser, signifiant, significatif, signification, significativement, signifié, signifier, tocsin
Le travail intellectuel : dessein (< it.), enseignant, enseigné, enseignement, enseigner, télé-enseignement (hyb.)
La physique : écarlate (< ara.)
La politique : consigne
L’économie : assignat
La justice : assignable, assignation, assigner, blanc-seing, consignataire, consignation, consigne, consigner, contreseing, contresigner, cosignataire, cosigner, déconsigner, descellement, desceller, sceau, scellage, sceller, scellés, seing, sigillaire, sigillé, sigillographie (hyb.), sigillographique (hyb.), signataire, signature, signer, sous-seing, soussigné
La médecine : scarlatine
L’armée : enseigne

Commentaire

Le radical du mot signe a d’abord désigné une borne. Ce sens transparaît dans certains emplois du vb sceller, des subst. signal, signalisation, signalétique. Mais ces termes illustrent déjà souvent le sens de marque, de trace, de mot d’ordre comme le font aussi signer, l’enseigne, le dessin, le sceau, la signature, le seing, le blanc-seing, le contreseing, contresigner, le design, soussigné, désigner, sigillaire. Cette marque peut relever surtout du langage, oral ou écrit, avec la consigne, renseigner, signifier, assigner, l’enseignant qui transmet des signes, des sens associés à ces signes, c’est-à-dire des connaissances.
Par ailleurs, assener (ou asséner) peut avoir été (Littré) un double de assigner, ou être le résultat (Jacqueline Picoche) d’un croisement entre le vb lat. « assignare » (assigner) et une forme « sen » d’origine germ. signifiant « la direction ». Le mot dessein, au départ simple variante orthographique de du mot dessin, est une image ou un objectif que l’on projette pour un avenir plus ou moins lointain, d’où le sens de projet. Quant au mot insigne, pris comme subst., il désigne une marque distinctive d’une dignité, d’une fonction, un signe distinctif d’une association. Comme adj., insigne signifie « remarquable », avec un préfixe « in- » à prendre au sens de « dans ». Dans le terme insignifiant, « in- » est par contre le préfixe négatif. Ce qui est insignifiant n’a pas de signe de reconnaissance, de valeur.
Celui qui se résigne, étymologiquement, rompt un sceau, ouvre une lettre, un testament, rompt ou annule quelque chose, renonce à quelque chose, cède quelque chose, d’où accepte sans révolte ce qu’il ne peut empêcher, et, dans le vocabulaire religieux, se soumet, s’abandonne à la volonté de Dieu.
Le terme écarlate, quant à lui, a désigné une sorte d’étoffe, puis une étoffe rouge, puis la couleur rouge. La scarlatine tire son nom de l’écarlate au sens de « couleur rouge ». Le sceau-de-Salomon (ou sceau de Salomon) est une plante des bois à petites fleurs blanches et à rhizome formé de renflements portant chacun une cicatrice rappelant la forme d’un sceau. Le sceau de Notre-Dame est aussi une plante appelée également « tamier commun », « raisin du diable », « racine vierge », « vigne noire » et « herbe aux femmes battues » car il était utilisé autrefois contre les hématomes et les ecchymoses. C’est une plante toxique et protégée. C’est probablement la forme en cœur de ses feuilles qui lui vaut son appellation.
Le mot tocsin, quant à lui, est composé de « toc- » (évoquant l'idée de toucher) et de « -sin » (dérivé du lat. « signum » qui a pris au Moyen Âge le sens de « cloche », en renouant avec le sens premier de signal).
Requiem pour un métier d’autrefois : le saintier, appelé aussi campanier, était un fondeur de cloches. (Gérard Boutet, La France en héritage, Perrin, 2007)

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Abréviations et conventions concernant la langue :

abr. abréviation
adj. adjectif
adv. adverbe
a. fr. ancien français
c.-à-d. c’est-à-dire
cf. confer
ex. exemple
fam. familier
fém. féminin
hyb. hybride
id. idem, pareillement
loc. locution
masc. masculin
neut. neutre
part. participe
p.-ê. peut-être
plur. pluriel
pop. populaire
préf. préfixe
prép. préposition
pron. pronom
rac. racine
rad. radical
sing. singulier
subst. substantif
suff. suffixe
vb verbe


Abréviations et conventions concernant le latin :

bas lat. bas latin (à partir du IIIe siècle de notre ère)
lat. latin classique
lat. ecclés. latin ecclésiastique (langue des auteurs chrétiens à partir de la fin de l’Empire)
lat. imp. latin impérial (à partir de la fin du 1er siècle de notre ère)
lat. méd. latin médiéval (à partir du VIIe siècle de notre ère, langue écrite)
lat. pop. latin populaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1)
lat. vulg. latin vulgaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1)
grom gallo-roman = latin parlé au Moyen Âge
lat. bot. latin des botanistes


Abréviations et conventions concernant les autres langues :

alld. mot directement emprunté à l’allemand, mais d’origine latine
als. mot directement emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine
angl. mot directement emprunté à l’anglais, mais d’origine latine
ara. mot directement emprunté à l’arabe, mais d’origine latine
bre. mot directement emprunté au breton, mais d’origine latine
celt. mot directement emprunté au celtique, mais d’origine latine
esp. mot directement emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine
fran. mot directement emprunté au francique, mais d’origine latine
germ. mot directement emprunté au germanique, mais d’origine latine
it. mot directement emprunté à l’italien, mais d’origine latine
occ. mot directement emprunté à l’occitan, mais d’origine latine
piém. mot directement emprunté au piémontais, mais d’origine latine
port. mot directement emprunté au portugais, mais d’origine latine
prov. mot directement emprunté au provençal, mais d’origine latine

< alld. mot emprunté à l’allemand, mais d’origine latine
< als. mot emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine
< angl. mot emprunté à l’anglais, mais d’origine latine
< ara. mot emprunté à l’arabe, mais d’origine latine
< bre. mot emprunté au breton, mais d’origine latine
< celt. mot emprunté au celtique, mais d’origine latine
< esp. mot emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine
< fran. mot emprunté au francique, mais d’origine latine
< germ. mot emprunté au germanique, mais d’origine latine
< it. mot emprunté à l’italien, mais d’origine latine
< occ. mot emprunté à l’occitan, mais d’origine latine
< piém. mot emprunté au piémontais, mais d’origine latine
< port. mot emprunté au portugais, mais d’origine latine
< prov. mot emprunté au provençal, mais d’origine latine
i.-e. indo-européen
arg. argot
arc. archaïque