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SAINT
Poésie
Ces p’tit’s sœurs, trouvant qu’à leur goût
Quatre Évangil’s c’est pas beaucoup,
Sacrifiaient à un de plus :
L’évangile selon Vénus.
Georges Brassens, Le Moyenâgeux
Étymologie
Saint < lat. sanctus (part. passé) < sancire = prescrire par la loi, par précepte < sacer = sacré, consacré à une divinité, vénéré, saint < rac. i.-e. *seg- / *sg- qui désigne ce qui est considéré comme saint. Le radical sanscrit sac- signifie suivre, et quelquefois, dans le Rigvéda, adorer (Littré).
Domaines
La faune et la flore : saint-bernard, saintpaulia, saint-pierre
Le corps : sacré, sacrum (lat.), sainte-maure, saint-émilion, saint-florentin, saint-frusquin, saint-honoré, saint-marcellin, saint-nectaire, saint-paulin
Le travail manuel : consacrer, saint-crépin, saint-frusquin, santonnier
Les sentiments : exécrable, exécrablement, exécration, exécrer, obsécration, sacripant (< it.), sainte-nitouche
La communication : consacré, crénom, crévindieu, crévindiou, ventre-saint-gris
La spatialité : Mont-Saint-Michel, Saint-Nectaire
La temporalité : saint-glinglin, Toussaint
La spiritualité : consacrant, consacré, consacrer, consécrateur, consécration, crénom, crévindieu, crévindiou, désacralisation, désacraliser, moniale, sacerdoce, sacerdotal, sacral, sacralisation, sacraliser, sacramentaire, sacramental, sacramentel, sacre, sacré, sacrebleu, sacré-cœur, sacredieu, sacrement, sacrer, sacrificateur, sacrifice, sacrificiel, sacrifié, sacrifier, sacrilège, sacristain, sacristi, sacristie, sacristine, sacro-saint, sainte, saintement, saint-esprit, sainteté, saint-père, saint-siège, san-benito (esp.), sanctifiant, sanctificateur, sanctification, sanctifier, sanctuaire, sanctuariser, sanctus (lat.), santon, saperlipopette, saperlotte, saprelotte, sapristi, scrongneugneu, Toussaint, ventre-saint-gris
Le travail intellectuel : sacrément
La politique : saint-simonien, saint-simonisme
La justice : assermenté, assermenter, sanction, sanctionner, serment
La médecine : saint-guy
L’armée : saint-cyrien, sainte-barbe
Avec la famille de saint, on est tous Antigone : le sacré est une prescription absolue. Évidemment, la difficulté est de définir le sacré et le champ d’application de la loi divine. Le sacré des uns n’est pas celui des autres. La loi des uns n’est pas celles des autres. Le sujet est brûlant, pour ne pas dire tabou, depuis plus de 25 siècles… Ce sacré est bien sûr omniprésent dans la famille, de la Toussaint à la consécration, du sacerdoce au sacre, du sacrifice à sanctifier, mais aussi de crénom (« cré- » pour « sacré- ») à la désacralisation, d’exécrer à sacrebleu, et du sacrilège (le terme a d’abord désigné celui qui vole les objets sacrés) à saperlipopette.
Les santons, eux, sont des petits saints, du moins des saints en modèle réduit, des figurines qui servent en Provence à décorer les crèches de Noël. Le terme moniale est une abréviation de « sanctimonialis virgo » et désigne la vierge consacrée à Dieu. Le sacrum, lui, est l’os sacrum, donc l’os sacré, car il faisait partie des morceaux de la victime offerts à la divinité à l’occasion du sacrifice. La sacristine est une femme, religieuse ou laïque, à qui est confié le soin de l’église et de la sacristie. L’obsécration, quant à elle, est une prière, une supplication.
Le terme sacripant a d’abord été un patronyme désignant le roi de Circassie, personnage de l’Arioste et de Boïardo dans le Roland amoureux. Au départ, c’est un brave. Ensuite, le terme évolue vers les notions dépréciatives de « bravache », de « fanfaron », de « vaurien ». Le san-benito, quant à lui, est une sorte de casaque jaune, avec une mitre, dont étaient revêtus ceux que l’Inquisition avait condamnés au bûcher. Le terme, mot à mot, un saint-benoît, renvoie à Saint Benoît parce que cet habit rappelait celui des bénédictins. Le condamné qui s’était rétracté avant son jugement avait droit à un san-benito dont la mitre était décorée d’une grande croix noire de Saint-André. Le condamné qui s’était rétracté après jugement avait une mitre semée de flammes, et le condamné qui ne s’était pas rétracté avait une mitre entourée de flammes et ornée de diables… L’Inquisition avait le sens de la mise en scène ! Sur ce sujet, on relira avec intérêt le chapitre 6 de Candide de Voltaire.
Plus plaisant, le juron archaïque « scrongneugnieu » semble bien être une évolution phonétique et méliorative de « sacré nom de Dieu ».
On bascule du religieux au profane juridique avec des termes comme assermenter, le serment, sanctionner, la sanction qui a d’abord désigné un précepte religieux.
Ensuite, on peut s’arrêter un instant sur deux ou trois des très nombreux composés en saint. Le terme a joué sur différents produits ou objets, notamment dans le domaine alimentaire, le rôle du « vu à la télé » d’aujourd’hui… Le saint-crépin renvoie à l’ensemble des outils et des fournitures, cuirs non compris, nécessaires à un cordonnier. Le mot crépin vient de « Crispinus », patronyme désignant un martyr du IIIe siècle et patron des cordonniers (cf. l’entrée crêpe). L’expression saint-frusquin évoque, elle, un ensemble de vêtements et d’affaires personnelles sans valeur (cf. l’entrée froisser). L’origine de l’expression à la saint-glinglin vient (Wikipedia) de la déformation de « seing » au sens de « signe », « signal », alors que « glin », répété pour être plus expressif, désigne le son des cloches. À la saint-glinglin signifie donc quand les cloches donneront le signal, annonceront l’événement. On est proche de la semaine des quatre jeudis, ou des calendes grecques.
Sur les anciens navires de guerre, le terme sainte-barbe désigne l’entrepôt du matériel d’artillerie et des poudres. Sainte Barbe est connue comme patronne des sapeurs-pompiers. Entre autres malheurs, elle fut enfermée par son père dans une tour qu’il incendia. Mais quand il y a le feu aux poudres sur un bateau de guerre, les pompiers sont victimes comme les autres marins. Sainte Barbe est aussi la patronne des mineurs et des artificiers. Quand son bourreau lui eut (dernier supplice sans doute) tranché la tête, il fut foudroyé par un éclair. L’image de Sainte Barbe, vénérée par les canonniers, était présente dans l’emplacement contenant les matériels et les poudres, sur les navires de guerre.
Pour finir, le composé sainte-nitouche, forgé par Rabelais, désigne une jeune fille qui, en public, affecte l’innocence, la pruderie : elle n’y touche pas, le sens du « y » étant laissé à l’appréciation de chacun.
Requiem pour un métier d’autrefois : le santonnier était un « céramiste qui fabriquait et vendait les figurines servant à décorer les crèches de Noël. En Provence, ces personnages étaient les "petits saints", les santons ; ailleurs, il s’agissait des marioles. Ce mot, comme celui de "marionnette", évoquait la Vierge Marie. » (Gérard Boutet, La France en héritage, Perrin, 2007)
Complément
La présence de moniale dans la famille de saint s’explique par l’étymologie du subst. moniale : moniale < « sancti monialis virgo », qui évolue en « sancti monialis », puis en « monialis » quand l’adj. « monialis » est substantivé. Pour des précisions supplémentaires, voir à l’entrée moine.
Le terme santoline, quant à lui, correspond à une entrée spécifique. Et santonine appartient à la famille de santoline.
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Abréviations et conventions concernant la langue :
abr. |
abréviation |
adj. |
adjectif |
adv. |
adverbe |
a. fr. |
ancien français |
c.-à-d. |
c’est-à-dire |
cf. |
confer |
ex. |
exemple |
fam. |
familier |
fém. |
féminin |
hyb. |
hybride |
id. |
idem, pareillement |
loc. |
locution |
masc. |
masculin |
neut. |
neutre |
part. |
participe |
p.-ê. |
peut-être |
plur. |
pluriel |
pop. |
populaire |
préf. |
préfixe |
prép. |
préposition |
pron. |
pronom |
rac. |
racine |
rad. |
radical |
sing. |
singulier |
subst. |
substantif |
suff. |
suffixe |
vb |
verbe |
Abréviations et conventions concernant le latin :
bas lat. |
bas latin (à partir du IIIe siècle de notre ère) |
lat. |
latin classique |
lat. ecclés. |
latin ecclésiastique (langue des auteurs chrétiens à partir de la fin de l’Empire) |
lat. imp. |
latin impérial (à partir de la fin du 1er siècle de notre ère) |
lat. méd. |
latin médiéval (à partir du VIIe siècle de notre ère, langue écrite) |
lat. pop. |
latin populaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1) |
lat. vulg. |
latin vulgaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1) |
grom |
gallo-roman = latin parlé au Moyen Âge |
lat. bot. |
latin des botanistes |
Abréviations et conventions concernant les autres langues :
alld. |
mot directement emprunté à l’allemand, mais d’origine latine |
als. |
mot directement emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine |
angl. |
mot directement emprunté à l’anglais, mais d’origine latine |
ara. |
mot directement emprunté à l’arabe, mais d’origine latine |
bre. |
mot directement emprunté au breton, mais d’origine latine |
celt. |
mot directement emprunté au celtique, mais d’origine latine |
esp. |
mot directement emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine |
fran. |
mot directement emprunté au francique, mais d’origine latine |
germ. |
mot directement emprunté au germanique, mais d’origine latine |
it. |
mot directement emprunté à l’italien, mais d’origine latine |
occ. |
mot directement emprunté à l’occitan, mais d’origine latine |
piém. |
mot directement emprunté au piémontais, mais d’origine latine |
port. |
mot directement emprunté au portugais, mais d’origine latine |
prov. |
mot directement emprunté au provençal, mais d’origine latine |
< alld. |
mot emprunté à l’allemand, mais d’origine latine |
< als. |
mot emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine |
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mot emprunté à l’anglais, mais d’origine latine |
< ara. |
mot emprunté à l’arabe, mais d’origine latine |
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i.-e. |
indo-européen |
arg. |
argot |
arc. |
archaïque |