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ITINÉRAIRE
Poésie
Climène, ce baiser m’enivre,
Cet autre me rend tout transi.
Tristan L’Hermite, Les Plaintes d’Acante, Le Promenoir des deux amants
Étymologie
Itinéraire < bas lat. itinerarium = l’itinéraire, la carte de voyage, la relation de voyage < itinerarius = de voyage, de route < lat. iter = le chemin que l’on fait, le trajet < itum (part. passé) < ire = aller < rac. i.-e. *H1y- / *H1ey- (i- / e- < ey- en lat.)
Domaines
La faune et la flore : andain, comice
Le corps : comté
Le travail manuel : circuit, comtoise, court-circuit, court-circuiter, périssoire
Les arts : ambitus (lat.), andante (it.), andantino (it.), exit (lat.)
Les sentiments : ambiance, ambiant, ambitieusement, ambitieux, ambition, ambitionner, ambivalence, ambivalent, coït, coïter, errant, initiateur, initiation, initiative, initié, initier, prétériter, subir, transe (< ang.), transi, transir
La communication : initiale, intransitif, intransitivement, intransitivité, ira (elle), ira (il), iraient (elles), iraient (ils), irais (tu), irait (elle), irait (il), iras (tu), irez (vous), iriez (vous), irions (nous), irons (nous), iront (elles), iront (ils), j’irai, j’irais, prétérit, prétérition, transitif, transition, transitionnel, transitivement, transitivité
La spatialité : comice, comices, comtois, errant, erre, exit (lat.), franc-comtois, Franche-Comté, issu, issue, itinérant, transit, transitaire, transiter
La temporalité : commençant, commencement, commencer, concomitamment, concomitance, concomitant, dépérir, dépérissement, impérissable, initial, initialement, initialiser, initiateur, initiation, initiative, initié, initier, périr, périssable, recommencement, recommencer, soudain, soudainement, soudaineté, subit, subitement, subito, transitoire
La spiritualité : initiation, initiatique, initier, introït, obit, obituaire
Le travail intellectuel : réussi, réussir, réussite, transitif, transitivité
La politique : comtal, comtat, comte, comté, comtesse, connétable, préteur, séditieux, sédition, vicomte, vicomté, vicomtesse
La justice : exeat (lat.), initié, préteur, prétoire
La médecine : transitionnel
L’armée : connétablie
Les loisirs : réussite
La nuance fondamentale est celle du chemin que l’on fait, d’itinéraire. Elle est illustrée par de nombreux termes comme le circuit, le court-circuit, l’erre (du navire), l’errant (comme dans l’expression « le juif errant », celui qui ne cesse de se déplacer, sans pour autant être perdu), l’exeat (littéralement « qu’il sorte ! » ou « qu’elle sorte ! »), exit (indication scénique de la sortie d’un acteur, littéralement « il sort », ou indication lumineuse sur un panneau de sécurité pour indiquer une sortie, en général une sortie de secours), l’introït (le chant d’entrée de la messe romaine), l’issue (au plur., en boucherie, les parties non consommables des animaux), l’itinéraire. On peut ajouter la prétérition (mention qu’on ne fait pas mention de tel ou tel fait dans une argumentation, le fait de passer sous silence, mais en le faisant remarquer, avec « prétér- » tiré de « praeter », au sens de « au-delà », ici « au-delà du présent », « en arrière »), le prétérit (forme verbale qui exprime le passé), initial (littéralement « qui entre dans », « qui commence », « qui se trouve au début »), initier, initialiser, l’initiative, transitif (littéralement « qui passe à travers », en parlant par ex. en grammaire d’une action accomplie par le sujet, passant à travers le vb qui la définit et s’exerçant sur un objet, le fameux complément d'objet), la transitivité, le transit, transiter, la transition, transitoire (adj. qui signifie « qui dure peu de temps », « passager »).
On peut encore ajouter périr (littéralement « aller en passant à travers [
la vie]
», « mourir »), dépérir, la périssoire (qui est une embarcation longue et étroite), le dépérissement, commencer (littéralement « initier à plusieurs », « débuter »), le commencement, le obit (« service religieux célébré pour un défunt à la date anniversaire de sa mort », avec le préfixe « ob- » signifiant « en face », « de l’autre côté [
de la vie]
»). On relève aussi les formes de futur et de conditionnel du verbe « aller » (j’irai, tu iras, etc. et j’irais, tu irais, etc.).
L’idée d’itinéraire reste présente, mais plus discrètement, dans d’autres termes. L’ambiance est ce qui nous entoure, nous environne, à partir du préfixe « amb- » signifiant « des deux côtés », d’où « tout autour ». L’ambition est étymologiquement très proche de l’ambiance : c’est le fait d’aller autour de quelqu’un, d’en faire le siège, d’où de chercher les honneurs, la gloire, la fortune. L’ambitus, en lat. le circuit, est l’espace entourant un tombeau ou l’enceinte d’une abbaye. Le terme ambivalence, quant à lui, à partir de « ambi- » signifiant « tous les deux », et « -valence » « la puissance », « la valeur », qualifie le caractère de ce qui se présente sous deux aspects, de ce qui a deux aspects différents ou opposés.
Le mot andain, lui, a une histoire complexe. L’étymologie la plus vraisemblable le fait remonter au lat. « ambitus » au sens de circuit, « pourtour », « mouvement circulaire ». Pour être plus précis, (CNRTL) à partir de ce sens de « mouvement circulaire », on est passé au sens de « chemin circulaire d’environ un pas de large », puis, dans le langage agricole, à celui d’« espace parcouru par le paysan lorsqu’il avance en travaillant, soit la longueur d’un pas », puis à « l’étendue de pré que l’on fauche d’un coup de faux », puis à « la surface de pré de cette même largeur s’étendant sur toute la longueur du champ ». De son côté, le terme andante, en musique, signifie « comme en allant à pied, ni trop vite ni trop lentement ». Andantino correspond à un rythme un peu plus rapide qu’andante.
Une sous-famille importante renvoie au mot comte. Sur le lat. « comes », littéralement « celui qui marche en même temps que », on est passé au sens de « compagnon », « personne liée à quelqu’un, au service de quelqu’un », « personne attachée à la suite d’un magistrat, d’un empereur », puis « représentant de ces hauts personnages, chargé de certaines fonctions publiques ou parfois militaires ». De là dérivent le comté (territoire), le comtat, la comtesse, la Franche-Comté, comtois (de la Franche-Comté, lieu de fabrication du comté, « le » fromage de la Franche-Comté ! ), la comtoise (horloge rustique d’origine franc-comtoise), comtal (qui appartient au comte).
Le terme comice a, quant à lui, le sens premier d’« assemblée » (avec le sens littéral d’« aller ensemble »), de « réunion », d’« association ». C’est l’ancêtre de l’A.G. des amphithéâtres universitaires. Au plur., le mot comice est souvent associé à l’adj. « agricole » : les comices agricoles sont une association privée de notables ruraux dont le but était le développement de l’agriculture. Flaubert, dans Madame Bovary, offre une exceptionnelle évocation ironique de comices agricoles au chapitre 8 de la deuxième partie du roman.
La concomitance consiste pour deux ou plus de deux événements ou phénomènes à exister en même temps. Le terme, dérivé de « comes » qui a donné le comte, cumule deux fois le préfixe « cum- » devenu « con- » et « com- » et la syllabe « -it- » représente le vb « aller ». La concomitance est donc « le fait d’aller », puis d’« exister complètement ensemble ». Reste à ne pas confondre, en logique, concomitance et causalité. Le connétable, lui, est étymologiquement le comte de l’étable. Il a profité d’une belle promotion puisqu’il se retrouve commandant suprême de l’armée française du XIIIe au XVIIe siècles.
Le coït est étymologiquement l’action de se joindre, de se réunir, d’où l’accouplement chez l’homme et l’animal.
Le préteur est, étymologiquement parlant, quelqu’un qui marche devant (« prae- » devenu « pré- »). Dans les premiers temps de la République romaine, le préteur est un chef militaire et civil, comme le capitaine qui est à la tête de l’armée. Ensuite, les consuls, pendant qu’ils étaient loin de Rome à faire la guerre, ont désigné des préteurs pour rendre la justice à leur place. Le mot prétoire, en accord avec son étymologie, a d’abord désigné la tente du général en chef, puis le lieu où est rendue la justice militaire, puis le lieu où est rendue la justice, d’une manière générale. Réussir, étymologiquement « sortir (« issir » en a. fr.) de nouveau (« ré- ») », a d’abord signifié « sortir de », puis « aboutir à », « avoir un épilogue, bon ou mauvais », puis « aboutir à un résultat positif ».
Subir, c’est « aller (« ire » en lat.) sous (« sub » en lat.) », d’où « se charger de », « supporter », « recevoir une condamnation », « être soumis à quelque chose de pénible », « recevoir une impression ». Sur ce radical, à partir du sens de « s’approcher furtivement », « se glisser », « s’insinuer », « arriver subrepticement », se développe le sens de « surgir », d’où le part. subit (étymologiquement « qui se produit en peu de temps »), d’où l’adj. et adv. soudain. La sédition, quant à elle, consiste à aller (« -it- ») à part (« sed- »), à se séparer du reste du groupe.
Pour finir, si l’idée d’« aller à travers [
la vie]
» a abouti à périr, assez explicite, on oublie souvent qu’avec le préfixe très proche « trans- » signifiant lui aussi « à travers », on a le vb transir, et surtout son part. transi dont le sens premier est « mort ». On peut être transi de froid, d’amour, au sens figuré si on est capable de le dire soi même. Sur ce part. transi, on forme la transe, inquiétude très vive, état d’exaltation, convulsions, stupeur et tremblement, état modifié de conscience. Dans toutes les nuances, on cumule les manifestations physiologiques ressemblant à celles qui sont causées par le froid, et la quasi mort de la conscience et de la lucidité, conforme au sens premier.
Complément
Quand le terme signifie « qui est dans l’erreur », « qui est perdu », « égaré », errant appartient à la famille de errer.
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Abréviations et conventions concernant la langue :
abr. |
abréviation |
adj. |
adjectif |
adv. |
adverbe |
a. fr. |
ancien français |
c.-à-d. |
c’est-à-dire |
cf. |
confer |
ex. |
exemple |
fam. |
familier |
fém. |
féminin |
hyb. |
hybride |
id. |
idem, pareillement |
loc. |
locution |
masc. |
masculin |
neut. |
neutre |
part. |
participe |
p.-ê. |
peut-être |
plur. |
pluriel |
pop. |
populaire |
préf. |
préfixe |
prép. |
préposition |
pron. |
pronom |
rac. |
racine |
rad. |
radical |
sing. |
singulier |
subst. |
substantif |
suff. |
suffixe |
vb |
verbe |
Abréviations et conventions concernant le latin :
bas lat. |
bas latin (à partir du IIIe siècle de notre ère) |
lat. |
latin classique |
lat. ecclés. |
latin ecclésiastique (langue des auteurs chrétiens à partir de la fin de l’Empire) |
lat. imp. |
latin impérial (à partir de la fin du 1er siècle de notre ère) |
lat. méd. |
latin médiéval (à partir du VIIe siècle de notre ère, langue écrite) |
lat. pop. |
latin populaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1) |
lat. vulg. |
latin vulgaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1) |
grom |
gallo-roman = latin parlé au Moyen Âge |
lat. bot. |
latin des botanistes |
Abréviations et conventions concernant les autres langues :
alld. |
mot directement emprunté à l’allemand, mais d’origine latine |
als. |
mot directement emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine |
angl. |
mot directement emprunté à l’anglais, mais d’origine latine |
ara. |
mot directement emprunté à l’arabe, mais d’origine latine |
bre. |
mot directement emprunté au breton, mais d’origine latine |
celt. |
mot directement emprunté au celtique, mais d’origine latine |
esp. |
mot directement emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine |
fran. |
mot directement emprunté au francique, mais d’origine latine |
germ. |
mot directement emprunté au germanique, mais d’origine latine |
it. |
mot directement emprunté à l’italien, mais d’origine latine |
occ. |
mot directement emprunté à l’occitan, mais d’origine latine |
piém. |
mot directement emprunté au piémontais, mais d’origine latine |
port. |
mot directement emprunté au portugais, mais d’origine latine |
prov. |
mot directement emprunté au provençal, mais d’origine latine |
< alld. |
mot emprunté à l’allemand, mais d’origine latine |
< als. |
mot emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine |
< angl. |
mot emprunté à l’anglais, mais d’origine latine |
< ara. |
mot emprunté à l’arabe, mais d’origine latine |
< bre. |
mot emprunté au breton, mais d’origine latine |
< celt. |
mot emprunté au celtique, mais d’origine latine |
< esp. |
mot emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine |
< fran. |
mot emprunté au francique, mais d’origine latine |
< germ. |
mot emprunté au germanique, mais d’origine latine |
< it. |
mot emprunté à l’italien, mais d’origine latine |
< occ. |
mot emprunté à l’occitan, mais d’origine latine |
< piém. |
mot emprunté au piémontais, mais d’origine latine |
< port. |
mot emprunté au portugais, mais d’origine latine |
< prov. |
mot emprunté au provençal, mais d’origine latine |
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|
i.-e. |
indo-européen |
arg. |
argot |
arc. |
archaïque |