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ENFANT
Poésie
Donc je nommerai les choses futiles qui fleuriront de ma nomination - mais le nom de l’Absente est ineffable
Léopold Sédar Senghor, Éthiopiques, L’Absente
Étymologie
Enfant < lat. infans = qui ne parle pas encore < fari = parler < rac. i.-e. *b-eH2- (*bla-) qui signifie parler
Domaines
Les groupes humains : arrière-petits-enfants, petits-enfants
Le corps : enfantement, enfanter
Le travail manuel : profession, professionnalisation, professionnaliser, professionnalisme, professionnel, professionnellement, socioprofessionnel
Les arts : chantefable, fable, fabliau, fablier, fabuliste, fado (port.), fandango (esp.), préface, préfacer, préfacier
Les sentiments : affabilité, affable, affabulation, affabuler, bon enfant, diffamant, diffamateur, diffamation, diffamatoire, diffamé, diffamer, enfantillage, enfantin, fabulateur, fabulation, fabuler, fabuleusement, fabuleux, faconde, fader (arg.), famé, fameusement, fameux, fantoche (< it.), hâbler, hâblerie, hâbleur, infamant, infâme, infamie, infantile, infantilisant, infantilisation, infantiliser, infantilisme, malfamé, mauvais
La communication : fanfan, ineffable, ineffablement, postface, préface, préfacer, préfacier
La temporalité : enfance, infantile
La spiritualité : confesse, confesser, confesseur, confession, confessionnal, confessionnalisme, confessionnel, confiteor (lat.), farfadet, fatal, fatalement, fatalisme, fataliste, fatalité, fatidique, fatum (lat.), fée, féerie, féerique, feu, profès
Le travail intellectuel : prof (abr.), professer, professeur, profession, professoral, professorat
La politique : infant (< esp.), infante (< esp.), interprofession, interprofessionnel
La justice : infanticide
L’armée : fantassin (< it.), infanterie (< it.)
Divers : Fadette
Les termes qui renvoient directement à l’enfant, comme bon enfant, l’enfantement, l’enfantillage, l’enfance, l’infant et l’infante, infantiliser, fanfan, n’ont pas retenu l’étymologie qui voudrait qu’un enfant ne parle (-fant) pas (in-). Sur ce radical a été construit l’infanterie, qui regroupe parfois des enfants-soldats, mais étymologiquement, par l’it., des jeunes gens appartenant à des couches sociales inférieures (infante en it.). Par aphérèse (coupe du début du mot), le mot it. infante a donné « fante », d’où le diminutif « fantaccino » qui a donné en fr. le fantassin.
Majoritairement, les mots de la famille se passent du préfixe négatif (in-) pour exprimer l’idée de parole. La fable est un ensemble de paroles, des propos, un récit, un récit fictif, une narration, un conte, un apologue. La nuance d’invention est encore accentuée dans fabuler, fabuleux. Une chantefable est un récit médiéval qui fait alterner de la prose récitée (-fable) et des vers chantés (chante-).
La faconde est une élocution facile, abondante, un talent de la parole. Ce qui est fameux est réputé, connu, vanté, grâce à une parole élogieuse et largement répandue. De même, l’adj. famé est un synonyme de fameux. Un lieu mal famé est un lieu qui a une mauvaise réputation. On devrait même parler d’un remède « de bonne *fame », et non « de bonne femme », pour un remède ayant une bonne réputation.
Les nuances de cette idée de parole sont, comme souvent, fournies par les éventuels préfixes. Se montrer affable consiste, étymologiquement, à aller sans réticence parler (-fable) aux (ad- devenant af-) gens. Affabuler consiste à prononcer des paroles (-fabuler) qui vont dans une direction (ad- devenant af-), à construire la trame d’un récit fictif, à adapter (ad- qui devient af-) à sa façon la réalité. Ce qui est infamant relève d’une parole hostile (in-). Très proche, la diffamation consiste à proférer des propos calomnieux (dis-), avec cette réserve que ces propos sont répréhensibles. Parler devant (pro-) un auditoire, c’est professer, exercer le métier de professeur. Avec un élargissement sémantique, le terme profession s’applique à tout métier, mais l’idée initiale est celle d’une déclaration publique (faire profession de sa foi, de ses sentiments), d’une prononciation des vœux lors d’une entrée en religion, d’où l’idée d’état, de condition, de métier, de corps de métier. Le terme profès s’applique à celui ou celle (professe) qui a fait les vœux par lesquels on s’engage dans un ordre religieux, après le noviciat. Le confesseur est d’abord celui qui professe sa foi, puis celui qui reçoit le témoignage des péchés d’autrui. La préface, quant à elle, précède l’ouvrage, qu’elle soit écrite par l’auteur de l’ouvrage ou par quelqu’un d’autre.
Le vb hâbler est emprunté à l’esp. « hablar », qui signifie simplement « parler », mais qui a pris un sens dépréciatif à cause de l’idée que les Français, au XVIe siècle, se faisaient des Espagnols, quand les Espagnols faisaient la même chose à partir du fr. « parler » devenu « parlar ».
Reste tout un ensemble de termes qui renvoient à la parole magique, dans un voc. religieux. Cette nuance est illustrée par des termes comme la fée, le farfadet, le fatalisme, la fatalité, le fatum, la féerie, l’adj. feu (qui a accompli son destin, donc qui est mort), le fantoche, au départ la poupée, la marionnette.
L’adj. mauvais s’explique littéralement comme mal doté par le destin. Le fado port. chante le destin des hommes, tandis que le fandango esp. est une danse et un air de danse au rythme assez rapide et avec un accompagnement de guitare et castagnettes. Pour finir, le vb fader signifie « distribuer », « partager, en particulier le produit d’un vol », ou « avantager quelqu’un ». Il est dérivé du provençal « fada » qui traduit l’idée de « douer quelqu’un de quelque chose », en parlant d’une fée. Ce don devient partage. Et se fader une corvée, c’est se la partager entre soi et soi, c’est-à-dire s’en charger tout seul.
Complément
Viennent du grec : blâmer, blâmable, le blâme, le blasphème, blasphémer, blasphématoire, blasphémateur, l’aphasie, l’euphémisme, le prophète.
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Abréviations et conventions concernant la langue :
abr. |
abréviation |
adj. |
adjectif |
adv. |
adverbe |
a. fr. |
ancien français |
c.-à-d. |
c’est-à-dire |
cf. |
confer |
ex. |
exemple |
fam. |
familier |
fém. |
féminin |
hyb. |
hybride |
id. |
idem, pareillement |
loc. |
locution |
masc. |
masculin |
neut. |
neutre |
part. |
participe |
p.-ê. |
peut-être |
plur. |
pluriel |
pop. |
populaire |
préf. |
préfixe |
prép. |
préposition |
pron. |
pronom |
rac. |
racine |
rad. |
radical |
sing. |
singulier |
subst. |
substantif |
suff. |
suffixe |
vb |
verbe |
Abréviations et conventions concernant le latin :
bas lat. |
bas latin (à partir du IIIe siècle de notre ère) |
lat. |
latin classique |
lat. ecclés. |
latin ecclésiastique (langue des auteurs chrétiens à partir de la fin de l’Empire) |
lat. imp. |
latin impérial (à partir de la fin du 1er siècle de notre ère) |
lat. méd. |
latin médiéval (à partir du VIIe siècle de notre ère, langue écrite) |
lat. pop. |
latin populaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1) |
lat. vulg. |
latin vulgaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1) |
grom |
gallo-roman = latin parlé au Moyen Âge |
lat. bot. |
latin des botanistes |
Abréviations et conventions concernant les autres langues :
alld. |
mot directement emprunté à l’allemand, mais d’origine latine |
als. |
mot directement emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine |
angl. |
mot directement emprunté à l’anglais, mais d’origine latine |
ara. |
mot directement emprunté à l’arabe, mais d’origine latine |
bre. |
mot directement emprunté au breton, mais d’origine latine |
celt. |
mot directement emprunté au celtique, mais d’origine latine |
esp. |
mot directement emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine |
fran. |
mot directement emprunté au francique, mais d’origine latine |
germ. |
mot directement emprunté au germanique, mais d’origine latine |
it. |
mot directement emprunté à l’italien, mais d’origine latine |
occ. |
mot directement emprunté à l’occitan, mais d’origine latine |
piém. |
mot directement emprunté au piémontais, mais d’origine latine |
port. |
mot directement emprunté au portugais, mais d’origine latine |
prov. |
mot directement emprunté au provençal, mais d’origine latine |
< alld. |
mot emprunté à l’allemand, mais d’origine latine |
< als. |
mot emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine |
< angl. |
mot emprunté à l’anglais, mais d’origine latine |
< ara. |
mot emprunté à l’arabe, mais d’origine latine |
< bre. |
mot emprunté au breton, mais d’origine latine |
< celt. |
mot emprunté au celtique, mais d’origine latine |
< esp. |
mot emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine |
< fran. |
mot emprunté au francique, mais d’origine latine |
< germ. |
mot emprunté au germanique, mais d’origine latine |
< it. |
mot emprunté à l’italien, mais d’origine latine |
< occ. |
mot emprunté à l’occitan, mais d’origine latine |
< piém. |
mot emprunté au piémontais, mais d’origine latine |
< port. |
mot emprunté au portugais, mais d’origine latine |
< prov. |
mot emprunté au provençal, mais d’origine latine |
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i.-e. |
indo-européen |
arg. |
argot |
arc. |
archaïque |