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DEUX
Poésie
Hé mé mé, bine-moi, bine-moi, ma pouponne,
Cependant que papa s’en est allé aux champs.
Marc Papillon, L’Amour passionnée de Noémie, Hé mé mé…
Étymologie
Deux < lat. duo = deux
Domaines
La faune et la flore : bifide, bigarade, bigaradier, bigarreau, bigorneau, bilabié, bimane, bipède, bistorte, bivalve
Les groupes humains : besson, bisaïeul
Le corps : bicéphale (hyb.), biceps (lat.), bicorne, bifide, bigle, bigler, bigleux, bimane, binoclard, binocle, binoculaire, bipède, biscotte (< it.), biscotterie (< it.), biscuit, biscuiterie, biscuitier, combinaison, dédoublage, double-crème, doublure, duodénal, duodénite (hyb.), duodénum (lat.), gras-double
L’habitat : bicoque, deux-pièces, doubleau, duplex (lat.)
Le travail manuel : bêchage, bêche, bêcher, besace, bicycle (hyb.), bicyclette (hyb.), bident, biface, bifilaire, bifurcation, bifurquer, bigorne, bilame, bimoteur, binage, biner (< prov.), binette, bineuse, bipale, biplace, biplan, biréacteur, birème, biscornu, biscuit, biscuiter, biseau, biseautage, biseauter, bissac, bisser, combinat, combinateur, combiné, dédoublement, dédoubler, deux-mâts, deux-roues, deux-temps, doublage, doublé, doubler, doublonner
Les arts : biculturalisme, biculturel, biennale, doublage, double-croche, doubleur, doublure, douzain, duettiste (< it.), duo (lat.), paso doble (esp.)
Les sentiments : bévue, bigorne, bigorner (se), bisexualité, bisexué, bisexuel, combinard, combine, débiner, doute, douter, douteur, douteusement, douteux, dubitatif, dubitativement, duplicité, indubitable, indubitablement, redoutable, redoutablement, redouter, six-quatre-deux à la, vingt-deux
La communication : biffage, biffement, biffer, biffure, bilabial, bilabiale, bilingue, bilinguisme, bit (ang.), deux-points, doublet, doublon (< esp.), dubitation, duel, duplicata (lat.), duplicateur, duplication, dupliquer, vingt dieux
La spatialité : béchevet, entre-deux, tête-bêche
La temporalité : biannuel, bicentenaire, biennal, bilatéral, bilatéralement, bilatéralité, bimillénaire, biquotidien, bisannuel, bissexte, bissextile, duodi, entre-deux-guerres, vicennal
La spiritualité : bicêtre, vingt dieux
Le travail intellectuel : bicarré, bijectif, bijection, bilinéaire, binaire, binôme, bipolaire, bipolarisé, bipolarité, bis (lat.), bissecteur, bissection, bissectrice, bivalence, bivalent, combinable, combinaison, combinatoire, combiner, demi-douzaine, deuxième, deuxièmement, doublage, doublant, double, doublement, doubler, doute, douter, douteur, douteusement, douteux, douzaine, douze, douzième, douzièmement, dual, dualisme, dualiste, dualité, dubitatif, dubitativement, duodécimal, indubitable, indubitablement, quatre-vingt, quatre-vingt-dix, quatre-vingt-dixième, quatre-vingtième, quatre-vingts, recombinaison, redoublant, redoublé, redoublement, redoubler, sans doute, vicésimal, vingt, vingtaine, vingtième, vingtièmement
La physique : bicolore, biconcave, biconvexe, biénergie (hyb.), bifocal, bigarré, bigarrer, bigarrure, bitension, bivalence, bivalent, combinaison, combinatoire, doublet
La politique : bigame (hyb.), bigamie (hyb.), binational, binationalité, biparti, bipartisme, bipartite, bipartition, bipolarisation, bipolarisé, bipolarité, dualisme, dualiste
L’économie : billion
La médecine : Quinze-Vingts, spina-bifida (lat.)
L’armée : biffe (arg.), biffin (arg.)
Les loisirs : quatre-cent-vingt-et-un, vingt-et-un
On peut commencer par laisser de côté tous les termes qui renvoient sans équivoque au chiffre ou au nombre deux, et pareillement tous les composés en bi- ou bis- qui sont définis à partir de leur radical, bi- ne servant que de préfixe. Juste une précision : douze est l’aboutissement étymologique de deux et « dix », et vingt, à partir du lat. « vinti » pour le lat. classique « viginti », est littéralement deux fois « dix ». L’expression « à la six-quatre-deux » signifie « négligemment », « très vite », « sans chercher à bien faire ». Son origine semble être présente dans le profil humain rudimentaire qui est constitué par le tracé, l’un en dessous de l’autre, des trois chiffres 6, 4 et 2.
Les Quinze-Vingts sont un hospice fondé à Paris par Saint Louis, capable de soigner simultanément trois cents malades. L’adj. vicennal signifie « qui dure vingt ans », ou « qui se produit tous les vingt ans », ou « qui concerne une période de vingt ans ».
Le bigorneau, appelé aussi « vigneau » et « escargot de mer », est quant à lui un coquillage à deux cornes (corn- devenant gorn-), et la bigorne est une petite enclume d’orfèvre, à deux cornes, quand le terme ne désigne pas une bagarre. Le béchevet est un lit à deux chevets, c’est-à-dire à deux têtes, et dormir à deux dans un tel lit, chacun à l’un des chevets, c’est dormir tête-bêche, avec une évolution de béchevet en bêche, ce mot bêche n’étant pas celui qui désigne l’outil du jardinier.
Le préfixe bi-, au sens de deux, passe à la nuance de double, et à celle de « trouble » pour les termes renvoyant à la vue. Le terme bévue s’emploie aujourd’hui au sens de « méprise », « erreur grossière ». Le vb bigler signifie « mal voir », « voir double », « regarder de travers », « être atteint de strabisme », donc « avoir la bévue ».
Le vb biffer, quant à lui, est formé à partir de l’adj. lat. « bifilis », qui signifie littéralement « à deux fils », ou plus précisément « de deux fils de couleur différente », donc « rayé ». De cette idée de rayure vient le sens de « tirer un trait » pour biffer, c’est-à-dire pour barrer. De la notion de fil, donc de tissu, dérivent le subst. biffin, qui a d’abord renvoyé au chiffonnier, puis au fantassin, et le terme biffe qui désigne l’infanterie.
Bigarrer traduit l’idée de faire varier (-garrer) une couleur. La bigarrure est donc un assemblage de couleurs, de dessins variés. Et le bigarreau est une cerise rouge et blanc, associant donc deux couleurs. Une année bissextile, pour nous, compte 366 jours au lieu de 365. En latin, le terme « bissextus » désignait le jour intercalaire que l’on plaçait tous les quatre ans dans le calendrier julien, six jours avant les calendes de mars, donc le 24 février, qui était donc doublé. Aujourd’hui, on ajoute un 29ème jour au mois de février. Ce jour supplémentaire a vite été assimilé à un jour de malheur, sens qui retentit sur le mot bicêtre, aujourd’hui inusité, devenu lui-même synonyme de malheur à la fin du Moyen Âge. Toute la sous-famille de doubler, forme non savante de dupliquer, signifie étymologiquement « plier en deux », d’où « faire passer d’une couche à deux », « ajouter une seconde couche », « se placer en parallèle à quelqu’un d’autre », d’où, en voiture, « passer devant l’autre ».
Le vb bêcher, quant à lui, définit le travail de la terre avec une bêche, étymologiquement une fourche à deux dents. Il existe aussi une pioche à deux dents appelée… bident, et une fourche à trois dents appelée… trident.
La binette est aussi un outil de jardinier qui sert à gratter la terre, à l’émietter. Son fer n’a pas de dents, il est généralement rectangulaire. Biner, c’est piocher une seconde fois. Le terme binette désigne aussi un visage, une figure un peu ridicule, à partir de l’appellation d’une perruque au début du XIXe siècle. Au Québec, le mot désigne un smiley, une émoticône. Certains étymologistes rattachent binette à un patronyme, Binet, perruquier de Louis XIV. C’est à travers ce patronyme que le subst. binette serait rattaché à la famille de deux. Si au contraire le mot binette est issu d’une aphérèse (coupe) du mot « trombine », suivie d’une dérivation avec le suffixe diminutif -ette, il n’a aucun lien avec la famille de deux et se rattache à la famille de « trompe » directement empruntée au francique. Cependant, comme la perruque avait deux espèces de queues, qui pendaient de chaque côté, l’étymologie populaire a eu tendance à rattacher le mot à la famille de deux.
Un problème se pose avec le vb débiner. L’a. fr. « abiner », rappelle Jacqueline Picoche, signifiant « accoupler », « débiner un complice » a signifié « l'abandonner », « se désolidariser de lui », et se débiner a fini par signifier « partir ». Pour expliquer débiner au sens de « dire du mal », on peut partir de binette signifiant « figure », « personnage ridicule », et débiner signifierait alors « affirmer (sens évolué de de- / dé-) le caractère ridicule de l’autre ». On peut aussi partir du sens de débiner dans « se débiner », et le vb signifierait alors « afficher sa différence », « se désolidariser », d’où « salir » l’autre. Une dernière piste est suggérée par CNRTL : de la même façon que « bêcher quelqu’un » peut signifier « dire du mal de lui », une métaphore analogue emprunterait à la pioche appelée binette le rôle de la bêche dans bêcher…
Par ailleurs, douter, c’est être partagé entre deux solutions, deux attitudes, d’où la nuance d’incertitude, de crainte qui se manifeste pleinement dans redouter, c’est-à-dire douter fortement (re-).
Pour finir, combiner consiste à unir deux choses ensemble, à assembler, à arranger en fonction de critères précis, en chimie, en physique, en mathématique, en esthétique… Comme vêtement (unisexe) ou sous-vêtement féminin, la combinaison réunit en une seule pièce un élément haut (chemise ou autre) et un élément bas (pantalon ou autre). C’est l’association d’éléments disparates qui fait dévier la sous-famille de combiner vers des emplois dépréciatifs souvent illustrés par le subst. la combine, et l’adj. combinard.
Complément
Viennent du grec des mots comme le diplôme, le diplomate, la diplomatie, la diplopie.
Vient d’un mot fran. signifiant « gris » l’adj. bis / bise appliqué par ex. à la farine.
Le subst. redoute, au sens de « fortification militaire », appartient à la famille de conduire.
Au sens de « combat singulier », le mot duel appartient à la famille de belliqueux.
Le toponyme Bicêtre a une étymologie autre que bicêtre. L’évêque de Winchester en Angleterre possédait une propriété dans le Val de Marne. Le terme Winchester a été déformé en Vinchestre, puis Bichestre avant de devenir Bicêtre. Le château est devenu successivement hospice, puis prison, puis asile d’aliénés.
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Abréviations et conventions concernant la langue :
abr. |
abréviation |
adj. |
adjectif |
adv. |
adverbe |
a. fr. |
ancien français |
c.-à-d. |
c’est-à-dire |
cf. |
confer |
ex. |
exemple |
fam. |
familier |
fém. |
féminin |
hyb. |
hybride |
id. |
idem, pareillement |
loc. |
locution |
masc. |
masculin |
neut. |
neutre |
part. |
participe |
p.-ê. |
peut-être |
plur. |
pluriel |
pop. |
populaire |
préf. |
préfixe |
prép. |
préposition |
pron. |
pronom |
rac. |
racine |
rad. |
radical |
sing. |
singulier |
subst. |
substantif |
suff. |
suffixe |
vb |
verbe |
Abréviations et conventions concernant le latin :
bas lat. |
bas latin (à partir du IIIe siècle de notre ère) |
lat. |
latin classique |
lat. ecclés. |
latin ecclésiastique (langue des auteurs chrétiens à partir de la fin de l’Empire) |
lat. imp. |
latin impérial (à partir de la fin du 1er siècle de notre ère) |
lat. méd. |
latin médiéval (à partir du VIIe siècle de notre ère, langue écrite) |
lat. pop. |
latin populaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1) |
lat. vulg. |
latin vulgaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1) |
grom |
gallo-roman = latin parlé au Moyen Âge |
lat. bot. |
latin des botanistes |
Abréviations et conventions concernant les autres langues :
alld. |
mot directement emprunté à l’allemand, mais d’origine latine |
als. |
mot directement emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine |
angl. |
mot directement emprunté à l’anglais, mais d’origine latine |
ara. |
mot directement emprunté à l’arabe, mais d’origine latine |
bre. |
mot directement emprunté au breton, mais d’origine latine |
celt. |
mot directement emprunté au celtique, mais d’origine latine |
esp. |
mot directement emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine |
fran. |
mot directement emprunté au francique, mais d’origine latine |
germ. |
mot directement emprunté au germanique, mais d’origine latine |
it. |
mot directement emprunté à l’italien, mais d’origine latine |
occ. |
mot directement emprunté à l’occitan, mais d’origine latine |
piém. |
mot directement emprunté au piémontais, mais d’origine latine |
port. |
mot directement emprunté au portugais, mais d’origine latine |
prov. |
mot directement emprunté au provençal, mais d’origine latine |
< alld. |
mot emprunté à l’allemand, mais d’origine latine |
< als. |
mot emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine |
< angl. |
mot emprunté à l’anglais, mais d’origine latine |
< ara. |
mot emprunté à l’arabe, mais d’origine latine |
< bre. |
mot emprunté au breton, mais d’origine latine |
< celt. |
mot emprunté au celtique, mais d’origine latine |
< esp. |
mot emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine |
< fran. |
mot emprunté au francique, mais d’origine latine |
< germ. |
mot emprunté au germanique, mais d’origine latine |
< it. |
mot emprunté à l’italien, mais d’origine latine |
< occ. |
mot emprunté à l’occitan, mais d’origine latine |
< piém. |
mot emprunté au piémontais, mais d’origine latine |
< port. |
mot emprunté au portugais, mais d’origine latine |
< prov. |
mot emprunté au provençal, mais d’origine latine |
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i.-e. |
indo-européen |
arg. |
argot |
arc. |
archaïque |