La Chair des mots

Retour à la liste des familles

TOLÉRER

Poésie

Aucun peuple ne tolère
Qu’un autre vive à côté

Victor Hugo, Les Chansons des rues et des bois, Liberté, Égalité, Fraternité

Étymologie

Tolérer < lat. tolerare = endurer < rac. i.-e. *tel- / *tol- / *tl-H2- (*tla-) qui signifie supporter (idée d’un poids).
De son côté, talent < lat. talentum = le talent (poids : environ 50 livres, soit 26 kg. et monnaie : environ 60 mines en Attique) < grec talanton (le plateau de la balance + mêmes sens).

Domaines

Le corps : collation, oublie, oublieur
Le travail manuel : prélasser (se)
Les sentiments : délateur, délation, intolérable, intolérance, intolérant, oblatif, oblativité, relation, relationnel, relationniste, talent, talentueux, tolérable, tolérance, tolérant
La communication : ablatif, collation, collationnement, collationner, collationnure, dilation, relater, relatif, relation, relative, superlatif, tollé
La spatialité : translation
La temporalité : dilatoire
La spiritualité : collateur, collation, oblat, oblation, oblature, prélat, prélature
Le travail intellectuel : corrélat, corrélateur, corrélatif, corrélation, corrélationnel, corrélativement, corrélé, corréler, relatif, relation, relativement, relativisation, relativiser, relativisme, relativiste, relativité, translation
La physique : relativité
La justice : dilatoire, législateur, législatif, législation, législature, translatif
La médecine : ablation, intolérance, intolérant

Commentaire

Tolérer, c’est « supporter », à la fois au sens physique et au sens psychique, comme l’attestent des termes comme tolérable, la tolérance, l’intolérance, intolérable.
De nombreux termes ont évolué par rapport au sens premier, souvent grâce aux préfixes, dans des directions très disparates. L’ablation est une suppression, d’un organe par ex., tandis que l’ablatif est la forme que prend un subst. ou un adj. dans des fonctions où il est question de séparation, d’éloignement. Ce qui est porté plus haut que tout le reste est au superlatif. La collation, par ailleurs, est le fait d’« apporter ensemble, de servir ensemble un léger repas par ex. », ou de « conférer un bénéfice ecclésiastique, un titre, un grade universitaire », ou encore de « comparer entre eux des textes, des documents ». Le verbe collationner et le subst. le collationnement renvoient à ce dernier sens. Le terme collationnure est encore plus technique : c’est la vérification, faite par l'imprimeur, après assemblage, du bon ordre des cahiers et des hors-texte d’un livre.
La dilation est le fait de différer, de retarder. Une manœuvre dilatoire cherche à gagner du temps. La délation consiste étymologiquement à porter une information ou une rumeur à partir d’un lieu (celui qu’on occupe soi même en général) vers un autre, vers quelqu’un, d’où à dénoncer, souvent pour des raisons intéressées et méprisables, voire répréhensibles. Le législateur, quant à lui, porte (sur ses épaules) la loi, et la législature est la durée du mandat d’une assemblée législative.
Le mot tollé est un impératif lat. qui peut se traduire par « enlève », « emporte », d’où « fais cesser ton discours ou ton comportement », et correspond à une vive indignation, une protestation. Relater, de son côté, consiste à porter quelque chose à la connaissance de quelqu’un, mais sans connotation dépréciative. Il s’agit de se livrer à un compte rendu d’expérience, au récit d’une aventure, etc.
Cette idée de lien entre le locuteur et l’auditeur ou le lecteur, entre deux personnes d’une manière générale se retrouve dans la relation, dans la subordonnée relative. Cette mise en relation induit souvent une nuance de pondération, de modération, d’où la relativisation, le relativisme, la relativité… La sous-famille de oblat a une connotation religieuse forte. L’oblat est un laïc qui s’agrège à un monastère sans prononcer de vœux. Il s’offre à Dieu. L’oblation est une offrande à Dieu, et l’oblature renvoie à l’état d’oblat. L’oublie, comme l’oblat, est offerte à Dieu, mais elle s’est laïcisée : c’est une pâtisserie mince et ronde, cuite entre deux fers comme une gaufre, souvent roulée en cylindre. Le terme a été utilisé en langage ecclésiastique pour parler d’une offrande, d’un pain offert à l’eucharistie. Le prélat est lui aussi étymologiquement « porté en avant » : c’est un dignitaire ecclésiastique qui a reçu en partage une prélature. Le prélat devrait se « *prélater ». En fait, avec l’influence de « lasser », il se prélasse. La corrélation, elle, est une interdépendance entre deux termes ou deux variables. L’image est déjà proche de celle des plateaux de la balance que l’on a avec le talent, d’abord « unité de poids, puis d’argent », puis « marque de supériorité », « don remarquable dans des domaines divers ».
Requiem pour un métier d’autrefois : l’oublieur était un faiseur et marchand d’oublies. (Gérard Boutet, La France en héritage, Perrin, 2007)

Complément

Viennent du grec : l’atlas, Atlas, l’atlante, l’Atlantique, atlantique.

Masquer les abréviations

Afficher les abréviations

Abréviations et conventions concernant la langue :

abr. abréviation
adj. adjectif
adv. adverbe
a. fr. ancien français
c.-à-d. c’est-à-dire
cf. confer
ex. exemple
fam. familier
fém. féminin
hyb. hybride
id. idem, pareillement
loc. locution
masc. masculin
neut. neutre
part. participe
p.-ê. peut-être
plur. pluriel
pop. populaire
préf. préfixe
prép. préposition
pron. pronom
rac. racine
rad. radical
sing. singulier
subst. substantif
suff. suffixe
vb verbe


Abréviations et conventions concernant le latin :

bas lat. bas latin (à partir du IIIe siècle de notre ère)
lat. latin classique
lat. ecclés. latin ecclésiastique (langue des auteurs chrétiens à partir de la fin de l’Empire)
lat. imp. latin impérial (à partir de la fin du 1er siècle de notre ère)
lat. méd. latin médiéval (à partir du VIIe siècle de notre ère, langue écrite)
lat. pop. latin populaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1)
lat. vulg. latin vulgaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1)
grom gallo-roman = latin parlé au Moyen Âge
lat. bot. latin des botanistes


Abréviations et conventions concernant les autres langues :

alld. mot directement emprunté à l’allemand, mais d’origine latine
als. mot directement emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine
angl. mot directement emprunté à l’anglais, mais d’origine latine
ara. mot directement emprunté à l’arabe, mais d’origine latine
bre. mot directement emprunté au breton, mais d’origine latine
celt. mot directement emprunté au celtique, mais d’origine latine
esp. mot directement emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine
fran. mot directement emprunté au francique, mais d’origine latine
germ. mot directement emprunté au germanique, mais d’origine latine
it. mot directement emprunté à l’italien, mais d’origine latine
occ. mot directement emprunté à l’occitan, mais d’origine latine
piém. mot directement emprunté au piémontais, mais d’origine latine
port. mot directement emprunté au portugais, mais d’origine latine
prov. mot directement emprunté au provençal, mais d’origine latine

< alld. mot emprunté à l’allemand, mais d’origine latine
< als. mot emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine
< angl. mot emprunté à l’anglais, mais d’origine latine
< ara. mot emprunté à l’arabe, mais d’origine latine
< bre. mot emprunté au breton, mais d’origine latine
< celt. mot emprunté au celtique, mais d’origine latine
< esp. mot emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine
< fran. mot emprunté au francique, mais d’origine latine
< germ. mot emprunté au germanique, mais d’origine latine
< it. mot emprunté à l’italien, mais d’origine latine
< occ. mot emprunté à l’occitan, mais d’origine latine
< piém. mot emprunté au piémontais, mais d’origine latine
< port. mot emprunté au portugais, mais d’origine latine
< prov. mot emprunté au provençal, mais d’origine latine
i.-e. indo-européen
arg. argot
arc. archaïque