La Chair des mots

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PAROLE

Poésie

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Correspondances

Étymologie

Parole < lat. vulg. paraula < lat. ecclés. parabola = la parole du Christ, la comparaison, la similitude < grec parabolê = la comparaison, le rapprochement, la rencontre, la projection (astronomie) < ballein = jeter. Ballein a donné ballare en latin, d’où le bal.

Domaines

Le corps : chablis (< gre.), diabolo (< it.), sortie-de-bal
Le travail manuel : baladeuse, ballant, balliste, brimbaler, bringuebaler, brinquebaler, chablis (< gre.), diable (< gre.), diablement, diablerie, diablesse, diablotin, diabolique, diaboliquement, diaboliser, haut-parleur, tue-diable
Les arts : ballade (< occ.), ballerine (< it.), ballet (< it.), bayadère (< port.), symbolisme (< gre.), symboliste (< gre.)
Les sentiments : accablant, accablement, accabler, franc-parler
La communication : baliverne, beau parleur, déparler, diantre, emblématique (< gre.), emblème (< gre.), haut-parleur, palabre, palabrer, parlant, parlé, parlementer, parler, parleur, parloir, parlote, parlotte, parolier, porte-parole, pourparlers, reparler
La spatialité : balade, balader
La spiritualité : diable (< gre.), endiablé, parabole (< gre.), paraboliquement (< gre.)
Le travail intellectuel : parabole (< gre.), parabolique (< gre.), paraboliquement (< gre.), problématique (< gre.), problématiquement (< gre.), problème (< gre.), symbole (< gre.), symbolique (< gre.), symboliser (< gre.), symbolisme (< gre.), symboliste (< gre.)
La physique : parabole (< gre.), parabolique (< gre.), paraboliquement (< gre.)
La politique : antiparlementaire, antiparlementarisme, Parlement, parlement, parlementaire, parlementarisme, parlementariste, parlementer, pourparler, pourparlers
L’armée : arbalète, arbalétrier, arbalétrière, baliste, balisticien, balistique
Les loisirs : bal, baladin (< prov.), diabolo (< it.)

Commentaire

Commençons par l’idée première de danser, peut-être même de balancer, de se balancer. Elle se retrouve dans le bal, la balade (promenade), le baladin, la baliste (qui lançait, balançait des projectiles sur l’ennemi), le ballet, la ballerine, (le) ballant, la bayadère (danseuse sacrée de l’Inde), brimbaler (ou bringuebaler ou brinquebaler), le diabolo (le jeu) et le diable (celui qui jette de côté, qui fait sortir du droit chemin, qui désunit), diantre (variante euphémique de diable).
On est proche encore de cette idée première avec le chablis (le bois chablis est du bois abattu, dans une forêt, par le vent ou l’orage), à partir de l’a. fr. chabler qui signifie « abattre », à partir du lat. « cadabula » ou « quadablum » qui désigne une sorte de catapulte. De ce terme chablis on peut rapprocher accabler, l’arbalète.
On reste encore proche de l’idée première avec un terme comme l’emblème : étymologiquement, c’est l’ornement en placage sur des vases, à partir de l’idée de jeter sur. C’est aussi le cas du problème : c’est une question à résoudre, à partir d’un sens premier qui est l’obstacle, ce qu’on a devant soi, le sujet de controverse. Le verbe grec qui est à l’origine du subst. signifie « jeter devant », « mettre en avant comme argument ».
C’est encore le cas du symbole. Au niveau lat., le terme signifie la pièce justificative d’identité, le signe de reconnaissance, et, en lat. chrétien, le symbole de la foi, la profession de foi au baptême, le signe allégorique, la figure. Ces sens sont dérivés du grec : le symbole y est un signe de reconnaissance (un objet coupé en deux, dont deux personnes conservent chacune une moitié), le jeton, le signe de ralliement, l’emblème. Ces sens sont le résultat de l’évolution d’un verbe qui signifie jeter ensemble, mettre ensemble, réunir.
L’idée initiale de « balancer » évolue vers l’idée d’« aller à droite et à gauche », de « comparer », de « rapprocher » : la famille passe à ce moment dans le domaine de la parole. Le passage de la première notion à la seconde se repère dans des mots comme la baliverne qui semble avoir désigné d’abord des propos dits en dansant, pour séduire, dans la ballade (un des sens du mot est « la chanson de danse »). C’est bien sûr cette notion qui se retrouve dans le mot parole lui-même, comme dans le Parlement, l’endroit où l’on parle, la palabre, le parolier, le pourparler.
Pour finir, la sous-famille de parole, en fr., a d’abord appartenu au vocabulaire religieux, comme l’atteste le terme parabole qui désigne un récit allégorique.
Requiem pour un métier d’autrefois : le balliste « exploitait un bal démontable, sous toile ». (Gérard Boutet, La France en héritage, Perrin, 2007)

Complément

Viennent du grec des mots comme le bolide, l’amphibologie, l’hyperbole, le discobole, l’embolie, le métabolisme, l’aboulie.

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Abréviations et conventions concernant la langue :

abr. abréviation
adj. adjectif
adv. adverbe
a. fr. ancien français
c.-à-d. c’est-à-dire
cf. confer
ex. exemple
fam. familier
fém. féminin
hyb. hybride
id. idem, pareillement
loc. locution
masc. masculin
neut. neutre
part. participe
p.-ê. peut-être
plur. pluriel
pop. populaire
préf. préfixe
prép. préposition
pron. pronom
rac. racine
rad. radical
sing. singulier
subst. substantif
suff. suffixe
vb verbe


Abréviations et conventions concernant le latin :

bas lat. bas latin (à partir du IIIe siècle de notre ère)
lat. latin classique
lat. ecclés. latin ecclésiastique (langue des auteurs chrétiens à partir de la fin de l’Empire)
lat. imp. latin impérial (à partir de la fin du 1er siècle de notre ère)
lat. méd. latin médiéval (à partir du VIIe siècle de notre ère, langue écrite)
lat. pop. latin populaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1)
lat. vulg. latin vulgaire (à partir du IIIe siècle de notre ère, et dont les formes ne sont pas attestées dans les textes) (1)
grom gallo-roman = latin parlé au Moyen Âge
lat. bot. latin des botanistes


Abréviations et conventions concernant les autres langues :

alld. mot directement emprunté à l’allemand, mais d’origine latine
als. mot directement emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine
angl. mot directement emprunté à l’anglais, mais d’origine latine
ara. mot directement emprunté à l’arabe, mais d’origine latine
bre. mot directement emprunté au breton, mais d’origine latine
celt. mot directement emprunté au celtique, mais d’origine latine
esp. mot directement emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine
fran. mot directement emprunté au francique, mais d’origine latine
germ. mot directement emprunté au germanique, mais d’origine latine
it. mot directement emprunté à l’italien, mais d’origine latine
occ. mot directement emprunté à l’occitan, mais d’origine latine
piém. mot directement emprunté au piémontais, mais d’origine latine
port. mot directement emprunté au portugais, mais d’origine latine
prov. mot directement emprunté au provençal, mais d’origine latine

< alld. mot emprunté à l’allemand, mais d’origine latine
< als. mot emprunté à l’alsacien, mais d’origine latine
< angl. mot emprunté à l’anglais, mais d’origine latine
< ara. mot emprunté à l’arabe, mais d’origine latine
< bre. mot emprunté au breton, mais d’origine latine
< celt. mot emprunté au celtique, mais d’origine latine
< esp. mot emprunté à l’espagnol, mais d’origine latine
< fran. mot emprunté au francique, mais d’origine latine
< germ. mot emprunté au germanique, mais d’origine latine
< it. mot emprunté à l’italien, mais d’origine latine
< occ. mot emprunté à l’occitan, mais d’origine latine
< piém. mot emprunté au piémontais, mais d’origine latine
< port. mot emprunté au portugais, mais d’origine latine
< prov. mot emprunté au provençal, mais d’origine latine
i.-e. indo-européen
arg. argot
arc. archaïque